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Menus et cartes de Pierre Gagnaire
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Sommaire
Quelques
menus-dégustations : l’incroyable imagination du maître ne peut guère
se montrer mieux que dans ce perpétuel renouvellement…
Une improvisation en 1995 Octobre 2001
Janvier 2002
Mars 2002
Le menu-carte d’août 2002
Novembre 2002
Mai 2003 (avec quelques commentaires)
Avril 2004 (avec quelques commentaires)
Mais
les plats de la carte méritent également le
voyage, ne serait-ce que pour les comparer à leur version « réduite » :
il y a là la même distance qu’entre une œuvre pour piano, par exemple,
et son orchestration par Ravel…
Depuis la fin 2005, on trouve sur son site des menus et des cartes détaillées... mais qu'il renouvelle constamment; je me suis donc permis d'en archiver quelques-uns, et vous trouverez ici le menu n°1 et là le menu n°2 de l'hiver 2005-2006, le menu (n°2), la carte et le menu du déjeuner du printemps, et le menu (n°4) de l'automne 2006, ainsi que les cartes de l'été et de l'automne .
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Un
exemple spectaculaire: ce menu fut improvisé en une
demi-heure pour mon anniversaire (1995) :
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Apéritif « maison » (cocktail des trois
sommeliers): champagne, liqueur de merise et aubépine
Mise en bouche: saumon légèrement fumé et œufs mimosas --- gelée
de moules Bouchot au safran --- coques, céleri et pied de mouton
--- foie « à la vénitienne » et épinards ---
bouchées et feuilletés aux légumes.
Hermitage blanc (Sterinberg), Jaboulet. (miel, résine)
Pince de homard mariné aux légumes craquants (feuilles d'épinards et
d'endives croustillantes, févettes, mâche; huiles aromatiques et
herbes)
St Pierre de petit bateau rôti aux coquillages, soupe de poisson (avec
aubergines séchées et topinambours fuseaux)
Huîtres et St Jacques poêlées aux pointes d'asperges St Vincent, un
trait de jus de viande, brandade de morue à l'ancienne.
Oeuf cassé aux truffes françaises et Collioure; ormeaux.
Pommard 90 « Clos des Épenots » (sous-bois, cuir,
fruits rouges)
Foie gras poêlé aux scorsonères; crème de châtaigne.
L'assiette tout cochon: joue de cochon à la cuillère, oreilles
craquantes, tranche de lard au pot-au-feu, boudin noir maison; quelques
betteraves.
Fromages fermiers, chips de betteraves, croûtes de roquefort et
d'arachides, pasqua aux quetsches.
Le grand dessert Pierre Gagnaire : Crème de mangue et abricot,
crème glacée au potimarron, croustillant poivré, feuille de capucine
cristalline. ---- Galette de pruneaux aux griottes, nougatine au thé de
Chine ---- Gelée de citron « calligraphiée » à la
pâte de coing. ---- Déclinaison autour de l'orange (parfait,
orange séchée, confit); loukoum aux fruits secs. ---- Banane craquante, crème vanille,
tartelette au whisky et grenade. ---- Poire au four, ganache et crème
de cacao.
Petits fours et mignardises.
Café et chocolats.
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Plus récent: un menu dégustation parfait
:(octobre 2001)
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Fondant de tourteau au citron confit; gelée au céleri doré, feuilles de
tatsoï et jeunes poireaux.
Soupe de cresson cassée d'une crème d'huître. Coques à l'anchois,
amande et vernis aux algues, langoustines panées de farine de pois
chiches.
Pétoncles assaisonnés de caviar pressé; royale de Saint-Jacques et
velouté mousseux de brebis.
Saint Pierre rôti à l'arête au piment churizeros, galette croustillante
d'oignon doux; papaye verte et gousses d'ail de Lautrec.
Légumes, fruits et champignons d'arrière-saison.
Aiguillette de colvert et suprême de perdreau rouge confit au
« falbala ». Chou au cassis, betterave bigarreau et datte
fraîche au miel.
Trois fromages cuisinés : mimolette aux raisins moscatel, suc de
carotte; focaccia d'époisses ; crème glacée au stilton; feuilles
de courge.
Le grand dessert (crème pistache et café-- mousse de thé vert et
loukoum-- parfait à l'orange-- figue rôtie, grains de cassis éclatés et
chocolat blanc-- dessert « tout chocolat »).
Petits fours et mignardises ; café.
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Encore un exemple parfait: janvier 2002.
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Gelée de rougets de roche à la feuille d'or, crémeux de cerfeuil
tubéreux, bulots (et un croûton aillé).
Noix de saint Jacques comme une quenelle et en salpicon aux cèpes
séchés, royale de navet; poudre de pain d'épice à la figue.
Huître pied de cheval —25 ans d'âge— et boudeuses d'Oléron justes
raidies dans un beurre pimenté à l'échalote grise; fondue d'endives,
chou Shanghai et trévise au jambon cru de sanglier. Mousseux de
morue.
Asperges vertes de Mallemort, oreilles craquantes de cochon et gras de
seiche, râpé de papaye verte aux noisettes. Velouté de maïs au curry.
Bouillon d'oursin au poivre Sarawak, foie gras de canard fumé, légumes
d'hiver (crosnes, carottes,...) et gnocchi de potimarron.
Petit filet de bœuf, caviar pressé, câpres la Nicchia; marmelade
d'oignons doux et laitue à la moelle.
Trois fromages cuisinés: crème glacée de brebis aux cerises (et
frisée); lamelles d'aubergines séchées au vieux Reggiano; boulette de
chèvre, croustillant de poivron rouge et gelée au citron.
Le grand dessert : fruits d'hiver en salade confite (poires, cédrat,
pistaches...); mandarine et glace au pain de singe (le fruit du
baobab); macaron aux fraises des bois et framboises; margarita comme un
sorbet mousseux; pagode en chocolat.
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Comparez avec ceci, deux mois plus tard:
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Royale d'asperges vertes à la cardamome; chair de tourteau, murex et
gambas de palamos; jus de navets grillés émulsionné aux olives vertes
de Lucques.
Fine
galette de langoustines au curcuma, marmelade de citron de Menton aux
concombres; fondue de pousses de choux portugais. Bouillon d'orties et
mousse de coriandre.
Tranche
de turbot côtier frotté de gingembre; thon « gras » mariné
aux arachides, salpicon mi-cuit de St Jacques à l'orge perlé, bulots.
Sauce mousseline au champagne.
Gelée
de poule, jambon cru bellota, gras de seiche en carpaccio, pâte
d'artichaut lucullus. Bouquet de fleurs, navets et carottes fanes
Pressée
de morilles brunes de Turquie, chanterelles grises et girolles. Jeune
poivron rouge confit à l'ail des ours.
Aiguillette
de pintade chaponnée farcie sous la peau d'une crème d'amande, poêlée
puis terminée en cocotte lutée aux aromatiques. Lasagne caramélisée aux
oignons cébettes.
Trois
fromages cuisinés: Croustillant de chèvre frais à l'huile d'argan; Bleu
de Trizac crémeux assaisonné d'une chapelure de choux-fleurs, crème de
céleri, salade de riquette; Tomme d'abondance de Savoie, infusion
« prise » à la gentiane.
Le
grand dessert : fruits d'hiver en salade confite (poires, cédrat,
pistaches...) -- fraises Mara des bois, gelée au kirsch, tiges de
céleri branche -- margarita comme un sorbet mousseux -- glace à la
réglisse, semoule au café, marc de vin -- pagode en chocolat.
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Le menu-carte d’août 2002
Petit
rouget de roche parfumé de sansho, cuit entier au sel ; jus de
persil simple, coriandre et estragon, marmelade de citron confit au
fenouil.
Royale
d’araignée de mer, cristes-marines et algues demi-sel, ormeau et
quenelles de langoustines assaisonnées d’un suc de crabe vert.
Marinière
de bar de ligne poêlée aux piments de Guernica, concassée d’olives vertes
de Sicile aux petits oignons nouveaux. --- Gelée de poivron rouge à la
feuille d’or, haricots noirs tanba kuro, amandes fraîches et groseilles
à maquereau.
Moscovite
de foie gras Hervé This, focaccia de truffes d’été à l’ail doux, salade
de rates au sel de Maldon.
Fricassée
de homard bleu à la verveine, tomate « Otti » et semoule
crémeuse de maïs au poivre Sarawak.
Aiguillettes
laquées de canard de Challans, abricot au cassis et figues noires
poêlées.--- Champignons sauvages et légumes d’été cuits dans leur
jus.--- Tartine de lard colonnata au vieux Reggiano.
Trois
fromages cuisinés: Chèvre frais à la gelée de tomate; Bleu de Trizac
crémeux, crème de céleri, petite salade; Tomme d'abondance de Savoie et
poires séchées.
Le
grand dessert : baba au rhum à la mangue-- fraises Mara des bois,
gelée au kirsch, tiges de céleri branche—salade de pêches rôties et
d’agrumes, mousse à la liqueur de rose-- ?-- ? -- le chocolat
« été 2002 »
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Le menu de novembre 2002
Noix
de Saint Jacques au sansho et saumon d’Écosse laqué d’un jus de
clémentine au citron vert ; artichauts poivrades aux
pignons ; mousseline au champagne.
Poêlée
d’huîtres et cuir de veau cendrés de poudre de cèpes ; amande
nature et anguille laquée, dans une brunoise de légumes d’hiver.
Petites
langoustines grillées à la maniguette, encornet farci d’oignon doux
Saint André aux olives fraîches de Lucques, fondue de papaye verte
« Toka ».
Bar
de ligne en marinière, rouget de roche aux câpres la Nicchia ;
lard blanc, toutes sortes de carottes à l’huile d’argan, suc de crabes
vert.
Velouté
de cerfeuil tubéreux, gelée de céleri et bouillon d’artichaut aux
truffes fraîches.
Petite
caillette de foie gras au miel d’arbousier et aux arachides, jus
d’herbes « coriandre-persil simple-estragon », lichettes de rognon
blanc de veau, datte medjoul aux noisettes.
Aiguillette
de canard pékin et noisette de biche d’Alsace, marmelade de choux
rouges, crumble de noix fraîches, biscuit au chocolat. Pulpe glacée de
cassis, coing au pain d’épice.
Trois
fromages cuisinés: boulettes d’épinard fourrées aux chèvres frais et
sec; Bleu de Trizac crémeux, tuiles au vieux parmesan, petite salade;
Sallers fondant sur une endive braisée.
Le
grand dessert : baba au rhum à la mangue – poire pochée au Banyuls
et mousse de réglisse—sorbet au fruit de la passion et gelée au kirsch
– rhubarbe rôtie et crêpe dentelle au sarrasin -- le chocolat
« automne 2002 » et sa crème pistache-café
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Le menu de mai 2003 (avec quelques commentaires)
Salpicon de tourteau, velouté de Grany Smith lié de santa Tea, royale gala aux mange-touts. Amusant, très bon et rafraîchissant, mais pas extraordinaire. Et où étaient les mange-touts? Disons que ce sont quelques notes d'ouverture pour amorcer un crescendo où tout désormais sera prodigieux.
Crème prise de foie gras, jus de roquette, persil simple et mélisse; courgette grillée, lentilles du Puy et artichauts épineux aux épices chaudes. Là, on découvre le talent pour les associations de légumes improbables, et qui deviennent évidentes à la dégustation. Il y avait d'ailleurs à la carte une sorte de mini-menu végétarien qui semblait assez prodigieux lui aussi. Cette façon de traiter le foie gras se passe également de commentaires (voir le livre de Hervé This).
Gambas fraîches de Méditerrannée et saumon sauvage de l'Alaska, bouillon de poule au banyuls, papaye verte et petits pois ; croustade d'asperges pitchoune. Perfection absolue des cuissons et des contrastes.
Rôtie d'huitre pied de cheval au chorizo craquant, amande, vernis, murex. Crème d'agria et gnocchis à l'encre de seiche, fondue de poireaux. Un autre type de combinaison improbable et délicieuse. Peu de gens connaissent l'alliance traditionnelle bordelaise huîtres-saucisses; ces très vieilles huîtres supportaient parfaitement cette version plus relevée.
Rouget de roche et merlan "Birdy"; crème et morceaux de poulpe sur un carpaccio de thon rouge. Sans doute le meilleur merlan de ma vie, hélas totalement éclipsé par cette transfiguration du poulpe.
Cuir de veau à l'anguille laquée; brochette de ris d'agneau enrobée d'une polenta à la pistache, craquant de betterave. Évidemment délicieux aussi, mais de plus traité dans un style minimaliste et japonais. Une assiette admirable, qu'on hésitait à entamer.
Pigeon Gauthier au citron, marmelade d'aubergine, olives noires de Ligurie et suc de syrah, légumes printaniers acidulés au pamplemousse; chantilly du jus de cuisson. Un plat parfait, et une innovation majeure: l'idée de monter le jus de cuisson classique en chantilly (méthode This) au lieu d'en faire un fond de sauce.
Trois
fromages cuisinés: mousse de chèvre frais aux radis rose, fleur de tête "de moine" ; vieille mimolette, époisse et olive(?);
Bleu des Causses et gelée de concombres.
Le
grand dessert : crème d'orgeat et sirop de rhubarbe -- sablè aux mangues et noix --
sorbet et mousse de fraises gariguette, gelèe au citron -- cornet craquant aux noisettes, sabayon au vieux rhum et griottes, parfait glacé -- le chocolat
« printemps 2003 » (deux gâteaux croustillants et moelleux) et son capuccino : mousse café-whisky lacée de fils de caramel, sur un fond de ganache.
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Le menu d'avril 2004 (avec quelques commentaires; le texte en noir est celui figurant sur le menu, et j'ai rajouté en rouge tous les détails dont j'ai pu me souvenir)
Thon rouge semi confit, feuille d'artichaut(?), "loukoums" au paprika ; dorade royale raidie au saké, mini-blini et crème aigre, choux translucide ; rouget de roche en rollmops et pickle de brunoise de petits légumes. Une ouverture typique du maître : de nombreuses saveurs apéritives, mais rien n'est encore joué...
Grenouilles, anguille, grosse asperge du Pertuis et dattes égyptiennes de saison ; jus de cresson à l'ail (?) lié de haricots tarbais ; flan aux asperges blanches et lamelles d'amandes. Un plat ahurissant, transfigurant les grenouilles; la sauce rappelle vaguement leur accompagnement usuel, ainsi que l'anguille "verte" belge. Quand aux asperges...
Merlan de Saint-Gilles Croix de Vie voilé de lard blanc de Colonnata, carottes jaunes du Doubs et feuilles de moutarde, une petite carotte fane laquée et jus monté à l'huile d'Argan. Encore un extraordinaire merlan (voir le menu de mai 2003), et les meilleures carottes qui soient...
Crémeux d'araignée de mer à la coriandre, consommé marin (aux algues) et salpicon de tourteau aux amandes fraiches, hachis de chou chinois et purée de potimarron(?), sur une feuille de nénuphar comestible. Un formidable plat de fruits de mer, avec un merveilleux équilibre de saveurs, de couleurs et de textures.
Grosse langoustine pochée à l'Arbois Sauvagin, pâte de piments nora à la mangue verte, gelée "choux rouge et lie de vin", jus de fraise au poivre de Sarawak. Là, c'est la combinaison langoustine - vin jaune - fraises qui stupéfie par son évidence a posteriori...
Dariole de caviar pressée, foie gras de canard laqué | | | |