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Journal peu intime (archives)
(mais lisez tout de même cet avertissement)

 

Vous trouverez ici une partie des archives de mon "journal peu intime", plus précisément l'ensemble des entrées du 8 juin 2009 au ... Si vous êtes arrivés jusqu'ici, vous n'aurez sans doute pas besoin de l'index thématique...

 


Jusqu'au 1er septembre : vacances d'été

Cette fois, c'est moi qui part... À notre retour, j'aurai pu admirer l'éclipse du siècle, mais aussi, je l'espère, mettre un peu d'ordre sur le site, compléter certaines entrées, préparer mes cours...


Dimanche 28 juin 2009 (de pire en pire... De toute façon, ce sera sans doute la dernière série d'entrées avant septembre)

Boucles paradoxales


J'ai très tôt été fasciné par les paradoxes temporels (l'homme qui tue son grand-père, etc.), sans doute le plus joli concept inventé par la science-fiction. Est-ce vraiment René Barjavel (dans Le Voyageur imprudent) qui en est à l'origine ? J'ai du mal à le croire (d'autant qu'en matière de science-fiction française, je ne l'aime guère, lui préférant de loin, dans un style comparable, Pierre Boulle), même si la chose est affirmée par plusieurs wikis : ainsi, By his Bootstraps date de 1941 (bon, d'accord, le héros n'y tue pas son grand-père)... De façon générale, je soupçonne que certaines questions d'antériorité en matière de science-fiction sont mal gérées, à cause de la prodigieuse ignorance du public français jusque vers les années 1960 (faut-il rappeler que des auteurs aussi importants que Van Vogt furent découverts par leurs traductions par Boris Vian ?) Du coup, je m'en vais aller modifier tout ça dans les pages appropriées. Bon, si j'en reparle, c'est parce que beaucoup de paradoxes importants viennent non de ruptures, mais d'une complète disparition de la causalité (par exemple, dans By his Bootstraps, la machine à voyager dans le temps n'est inventée par personne, elle apparait juste dans une boucle temporelle), et j'ai lu récemment la brillante remarque selon laquelle cela viole non seulement les lois de la physique, mais la simple logique : l'objet ainsi apparu "de nulle part" au temps t, avant qu'il soit renvoyé dans le passé (en t) au temps t + d, a vieilli pendant la durée d (si peu que ce soit) : il s'est usé, etc., et donc ne peut réapparaître en t à l'identique... Du coup, on ne peut faire tourner ainsi en boucle ni matière, ni énergie (non thermique), et il ne reste plus, pour s'amuser un peu avec le paradoxe, que la possibilité d'envoyer seulement dans le passé de l'information (les plans de la machine, par exemple, ou plus précisément une copie neuve des plans qu'on a reçu la première fois, et qui, évidemment, auraient vieillis, eux ...)

Comment prononcer ça ?


Il y a longtemps que j'ai signalé le poème de Nolst intitulé "The Chaos of English pronunciation", dont on peut toujours trouver chez David Madore une version assez complète accompagnée de sa transcription en API. Il est tout de même plus agréable de l'entendre lu, et je déplorais en 2006 que les fichiers audio correspondants aient disparu du Web. Trois ans plus tard, YouTube a bouleversé le paysage, et il est désormais possible de combler presque n'importe lequel des manques de ce genre : voici par exemple une version assez satisfaisante (avec tout de même quelques erreurs) de cette monstruosité ; à quand une version "officielle" (similaire à celle-ci)?

Puissances de dix


Là aussi, c'est un sujet sur lequel j'ai beaucoup écrit (par exemple en décrivant ma "bibliothèque idéale"), mais qui a évolué rapidement : cela va de la vidéo historique de Charles Eames, désormais visible ici, à de jolis remarques de Ivar Ekeland dans l'avant-dernier numéro de Pour la Science : il y donnait une liste d'ordres de grandeurs économiques (plus précise que celle-ci), en les comparant aux distances correspondantes... Un site regroupant tout ça ne serait pas du luxe, mais il semble bien que seule la page de la Wikipedia anglophone sur les ordres de grandeurs renvoie vers des tables à peu près complètes, par exemple celle-ci, dont voici la "traduction" en français, portant sur l'économie, justement...

Trucs en vrac avant le départ ...


Comme je le mentionnais ci-dessus, des tas de choses dont je donnais jusque-là des illustrations photographiques forcément peu convaincantes sont désormais bien mieux représentées : au hasard, voici, pour illustrer ma section d'architectures bizarres, une vidéo des Watts Towers...

Pour continuer sur les histoires de boucles temporelles, en partant de la notice de la Wikipedia concernant Replay, j'ai découvert que Ken Grimwood était mort d'une crise cardiaque à 59 ans, alors qu'il en écrivait une suite. Les lecteurs du roman apprécieront l'ironie de la chose, ou se poseront peut-être même des questions...

J'ai découvert aussi, dans Mangez-le si vous voulez, un délicieux (euh, bon, ce n'est peut-être pas le mot juste) petit livre de Jean Teulé, l'ahurissante histoire de Hautefaye, le "village des cannibales", que je vous laisse découvrir à votre tour. Bon, j'ai un peu honte, parce que j'aurais tout de même pu l'avoir déjà lue chez Alain Corbin, qui, semble-t-il, l'avait d'ailleurs moins romancée ...


Mardi 16 juin 2009 (bis...)

Le dernier Rebus ?


À première vue, c'est vraiment mal parti pour John Rebus dans le dernier opus de Rankin (enfin, le dernier en Poche), où il se retrouve expédié en stage de remise à niveau, suite à une faute professionnelle flagrante. Mais tout n'est pas si simple dans ce qui est, au niveau de l'intrigue, l'un des plus complexes enchevêtrements de cette série, où qui plus est les méandres des enquêtes se doublent de complications psychologiques inattendues. Ne le manquez surtout pas si vous en avez aimé jusqu'ici le style...

D'où viennent les mathématiques ?


Savoir si les mathématiques sont découvertes (c'est la thèse platonicienne, curieusement appelée, dans ce contexte, idéaliste) ou inventées (et là, il y a plusieurs tendances, allant du formalisme au réalisme, voire, curieusement, à certaines formes d'intuitionnisme) est une question débattue depuis toujours ou presque (voici un exemple récent d'un tel débat sur Yahoo) ; ce débat est malheureusement trop souvent confisqué par les philosophes, lesquels se retrouvent (à quelques rares et fascinantes exceptions près, comme le formidable travail de Michel Serres) à dire beaucoup de bêtises, faute de compétences techniques. Du coup, j'ai bien aimé ce texte dû à ce grand mathématicien et vulgarisateur qu'est Barry Mazur, et qui lui, au moins, sait de quoi il parle. Reste quand même qu'il est difficile d'aller plus loin dans l'analyse (et dans la réfutation de toute forme d'argument d'autorité) que ceci : «D'où viennent les idées justes ? Tombent-elles du ciel ? Non. Sont-elles innées ? Non. Elles ne peuvent venir que de la pratique sociale, sous trois formes : l’expérimentation scientifique, la lutte pour le production et la lutte des classes. », citation due... à Mao Zedong ; l'ironie de la chose n'échappera sûrement à personne...

Encore une maison bizarre


On connait ma passion pour les architectures bizarres ; je ne m'étais pas rendu compte que celle décrite dans American Gods par Neil Gaiman (dont, soit dit en passant, tous les commentateurs louangeurs (j'en fais au demeurant partie, sauf sur ce point ) du formidable film d'animation qu'est Coraline semblent ignorer l'existence) existait, elle aussi, réellement : il s'agit de la House on the Rock, avec sa vertigineuse "Chambre de l'Infini", et bien d'autres merveilles hétéroclites : c'est une sorte de Palais Idéal revu par Franck Lloyd Wright...

Un anniversaire que je n'aurais pas dû oublier...


... d'autant que je l'avais déjà ponctuellement rappelé il y a cinq ans ; mais les souvenirs commencent à se faire brumeux, et les traces écrites sont rares... Pourtant, c'est bien le 1er juin 1969 que s'ouvrit "officiellement" le premier club de go français, dans l'arrière-salle d'une librairie qui n'était pas encore l'Impensé Radical. Mais comment s'appelait-elle donc ? Dans mon esprit, c'était "La Joie de Lire", que, me semble-t-il, on peut voir dans les premières images de Pierrot le Fou ; d'autres parlent du "Meilleur des Mondes"... Décidément, j'ai la mémoire qui flanche ; tout ce que je sais, c'est que j'y étais (voilà un brave), ainsi que Jacques Roubaud (qui se chargea d'initier Patrick Merissert), alors que Maître Lim ne devait faire son apparition que quelques jours plus tard. Vous en saurez plus long (ou peut-être pas) sur le site bien documenté de Jérome Hubert...


Lundi 8 juin 2009 (hélas...)

C'est qui le meilleur ?

  
C'est le genre de question qui suscite des discussions sans fin, surtout entre adolescents, comme le raconte si bien Marcel Proust (mais, à ma grande honte, je n'arrive pas à retrouver la citation précise) ; une fois de plus, la Wikipédia permet désormais d'arriver assez vite à des listes à peu près objectives, ou du moins permettant au non-spécialiste de se faire une petite idée des enjeux. Ainsi, on saura tout sur ce qu'il faut penser de l'affirmation selon laquelle Roger Federer est le plus grand champion de tennis de tous les temps (c'est tout de même Pete Sampras qui le dit) en lisant cet article, tandis que celle tenant Terence Tao pour le plus talentueux des mathématiciens contemporains, certes plus contestable (même s'il est certainement dans le "top ten"), ne sera pas démentie par l'ahurissante diversité des centres d'intérêt que l'on trouve sur son site personnel (ou plutôt professionnel, mais y a-t-il une différence?) ; je recommande, parmi bien d'autres merveilles, ces listes, dont une de concepts valant le détour...

Millénium : le film


Je suis sorti assez partagé de la vision de ce film, adaptation du premier volume de cette série culte dont j'avais parlé en son temps. Les acteurs sont remarquables, l'intrigue assez bien rendue (quoique pas toujours facile à suivre si on n'a pas lu le livre), mais une bonne partie des détails méticuleux qui faisaient le charme du livre est inévitablement perdue, ce qui n'empêche pas ce qui reste d'être un peu long... À ne voir que si vous vouliez absolument mettre un visage (bien séduisant) sur Lisbeth Salander ou (nettement plus fatigué) sur Super Blomkvist...

Wikipédia et expertise : un cas d'école


On sait tout le bien que je pense de la Wikipédia ; bien évidemment, les critiques pleuvent d'autant plus drues que de nombreux experts (ou plutôt des gens que Pascal aurait appelé des demi-savants) se sentent remis en cause (comme on peut le voir par exemple sur ce blog, d'une incroyable mauvaise foi) par cette effarante masse d'informations structurées, référencées, mises en perspective, et (ce qui leur déplait peut-être le plus) gratuites. Les rumeurs font le reste, et Daniel Tammet, pourtant généralement bien informé et rigoureux, mentionnait dans son dernier livre le cas de William Connolley, spécialiste du climat qui aurait été "chassé" de la Wikipédia (parce que, corrigeant sans cesse les erreurs d'un internaute anonyme, son statut d'expert reconnu ne lui aurait servi à rien). L'histoire réelle montre que si ce problème peut en effet parfois se présenter, il fut (au moins sur cet exemple) corrigé assez rapidement ; sur des sujets sur lesquels je suis raisonnablement compétent, je trouve désormais la présentation de la Wikipédia à la fois remarquablement documenté et équilibrée entre les différents points de vue ; de plus, lorsque ce n'est pas encore vraiment le cas, la chose est le plus souvent signalée et l'article mis en chantier : comparez par exemple la description française de l'hypothèse Sapir-Whorf et sa version anglaise, bien plus nuancée et analysée. En rédigeant cette entrée, je suis ainsi (re)tombé sur le cas de Jean-Pierre Petit (et les Ummites), ou sur celui de Noam Chomsky (et sa défense de la liberté d'expression) ; il faudra que j'en reparle... .


31 mai 2009 : allez donc voir ici...