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Journal peu intime (archives)
(mais lisez tout de même cet avertissement)

 

Vous trouverez ici une partie des archives de mon "journal peu intime", plus précisément l'ensemble des entrées du 5 janvier au 31 mai 2009 . Si vous êtes arrivés jusqu'ici, vous n'aurez sans doute pas besoin de l'index thématique...

 


8 juin 2009 : allez donc voir ici...


Dimanche 31 mai 2009

Clichés littéraires et cinématographiques


C'est dans MAD (qui servit d'ailleurs d'inspiration à la plupart des grands dessinateurs français tels que Gotlib) que j'avais découvert une jolie série intitulé Devinez qui va mourir, parodiant des scènes cinématographiques un peu trop prévisibles. La notion de cliché (ou faut-il parler de "lieu commun") peut se géneraliser à d'autres médias, et j'ai découvert récemment (en partant de Irregular Webcomics, que je recommande également chaudement par ailleurs) l'incroyable wiki qu'est TV Tropes (en voici une présentation par la Wikipédia anglophone), collection de toutes les situations de référence de la littérature, du cinéma et, bien sûr, de la télévision, accompagnées de descriptions des divers moyens de les détourner ou de les résoudre qu'ont pu trouver des auteurs inventifs. Par exemple, les meneurs de jeu de rôles pourront y trouver des méthodes pour proposer une mission à leurs joueurs, tandis que l'écrivain cherchant à ne pas conclure son histoire par "ouf, ce n'était qu'un rêve" pourra utilement s'inspirer de ces remarques...

Jouer avec le temps


Braid est un jeu de plate-formes comme vous n'en avez jamais vu. Ce qui fait la différence, c'est que vous pouvez (et le plus souvent devez) manipuler le temps pour résoudre la plupart des casse-têtes proposés ; cela permet certes de recommencer un saut jusqu'à ce qu'il soit réussi, mais on doit souvent aussi aller chercher dans le passé un objet devenu inaccessible, jouer avec des objets qui ne sont pas affectés par vos retours en arrière, accélerer ou ralentir le temps dans une seule zone de l'écran, etc. C'est par ailleurs un très beau jeu, dans un style graphique qui tranche avec les décors usuels. Et si vous ne voulez pas payer les 10 euros nécessaires pour le télécharger, la généreuse version d'essai (à récupérer par exemple ici) devrait vraiment vous faire changer d'avis...

Calculateurs pas si prodigieux...


Dans L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau, Oliver Sacks mentionnait l'histoire de deux jumeaux autistes aux prodigieux talents de calculateurs ; ainsi, faisant tomber devant eux une boite d'allumettes, ceux-ci s'exclament, et à l'unisson, qu'il y en a 111 (3 fois 37, plus précisément), puis, un peu plus tard, se mettent à s'échanger des nombres premiers, et Sacks contrôle leurs dires à l'aide d'une table contenant tous les nombres premiers de 10 chiffres. Bien qu'en général, il soit un observateur attentif, précis, et fiable, cette histoire m'avait laissé de nombreux doutes (la table qu'il décrit devrait contenir 400 millions de nombres premiers ; on voit mal comment la faire tenir dans un seul livre... ) Daniel Tammer (dont j'ai déjà parlé) mentionne cette histoire dès le début de son passionnant et remarquablement documenté Embrasser le ciel immense (hélas médiocrement traduit : encore un exemple de ces questions de double culture) ; il conclut qu'il y a là (sans doute involontairement) une exagération des performances par un observateur fasciné par ce qu'il prend pour des dons surnaturels. Il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont, même sceptique et (relativement) compétent sur la question, on est amené à déformer et exagérer les histoires spectaculaires qu'on raconte (mon exemple le plus honteux étant le massacre que j'ai fait d'anecdotes sur la mémoire musicale de J. S. Bach). Bien entendu, Tammer tombe aussitôt dans le même travers, en pensant que la difficulté du go (pour les ordinateurs) vient du bien plus grand nombre de combinaisons qu'aux échecs, ne réalisant pas bien que dans les deux cas, ce nombre (qu'il sous-estime d'ailleurs beaucoup) est bien plus élevé que ce qu'un ordinateur pourra jamais calculer ; mais je dois reconnaître que, de la part d'un non-expert, c'est le texte le plus lucide que j'ai lu sur la question depuis bien longtemps...


Vendredi 29 mai 2009 (réussirai-je à combler le retard ?)

Vieilles soucoupes


Contrairement à ce qu'on croit souvent, les ovnis (objets volants non identifiés) ne datent pas des années 50, même si les premiers rapports d'apparitions importantes de "soucoupes volantes" n'ont eu lieu qu'après le témoignage de Kenneth Arnold. J'ignorais cependant l'existence d'une vague d'observations "inexplicables" à la fin du 19ème siècle (la photo ci-dessus, datée de 1870, prétend en être un témoignage, mais allez plutôt lire sa véritable histoire), dont vous trouverez un début d'analyse ici (mais l'article de la Wikipedia anglophone est bien mieux documenté) ; ce n'est sans doute pas une coïncidence si la première série d'apparitions survient au début de l'aérostation, et la seconde au début de la guerre froide, des premières fusées stratosphériques et autres avions-espions. Dans le même ordre d'idée, il semble de plus en plus reconnu que la zone 51 (dont l'existence fut longtemps mollement démentie) ait pu servir à tester de nombreux prototypes d'appareils volants (dont, du temps de la guerre froide, des modèles soviétiques) ; les observations correspondantes d'ovnis et les démentis gouvernementaux ayant nourri les plus folles thèses conspirationnistes (par exemple celles liées à Roswell) ; mauvaise langue comme je suis, je soupçonnerais volontiers le gouvernement américain d'avoir en fait encouragé ces rumeurs, à la fois pour couvrir ses véritables activités militaires, et pour discréditer les naïfs y prêtant foi...

Pastiches érotiques (quoique)


Le degré suprème de la tendresse (le cannibalisme, selon Salvador Dali) est le titre du second livre de Héléna Marienské ; il s'agit d'une série de jolis pastiches d'auteurs allant de Montaigne à Houellebecq en passant par Céline et Perec, s'inspirant tous du même fait divers (une histoire de fellation finissant très mal), d'un érotisme contestable, mais d'une virtuosité d'écriture époustouflante. Au hasard, un petit extrait de "Flora, ou l'Apparition", où l'on voit un fils adoptif du mandarin Roubaud s'affalant sur un divan d'un psy fort connu : On l'installa sur un divan, lui ordonnant "Jactons". Il mira un blanc plafond, soupira, avoua : "Toubib, ça va mal". "Jactons, associons", grogna l'olibrius qui fumait un gros havana tordu par la succion. "J'ai mal partout : sudation, suffocation..." [...] "Mais, mon p'tit," gouailla Lacan, fort gai, "y'a un manquant dans ton jactant, il y a un trou". "Un trou, mais alors, un gros", insista Lacan, qui paraissait tout à fait ravi par son illumination...

Étreintes brisées


Il y avait bien longtemps que nous n'étions plus allés au cinéma ; reprendre avec le dernier Almodóvar n'était pas ce que je pouvais faire de pire... Les critiques en sont relativement moyennes, mais (était-ce à cause de mon long sevrage ?) j'en suis sorti enthousiaste : la thématique est assez inattendue, les clins d'œil cinématographiques (y compris à d'autres œuvres d'Almodóvar) nombreux, et les acteurs impeccables. Ne le ratez pas...


Mercredi 27 mai 2009

Le thème nouveau est arrivé...


En fait, il y a déjà quelque temps que je connais le thème de français (en classe prépa) de cette année : l'argent (vaste programme, et combien adapté, pour une fois, aux préoccupations de nos élèves...). Je vous laisse essayer de deviner les trois œuvres proposées : deux d'entre elles étaient assez prévisibles. Pour la réponse, cliquez sur ce lien...

Le lièvre de Patagonie


Ce n'est pas de ce drôle d'animal que je veux vous parler, mais du dernier livre de Claude Lanzmann, une autobiographie où l'on apprend entre autres beaucoup de choses fascinantes sur la genèse de Shoah (soit dit en passant, le "refus de comprendre" mis par Lanzmann au cœur de son projet me semble soudain résonner étrangement avec la vieille blague : "L'antisémitisme reste vivace : si vous dites à un Français : 'il faut tuer tous les juifs et tous les cyclistes', il répond toujours : 'tiens, c'est curieux, pourquoi les cyclistes ?' "). La lecture de ce genre de livre de souvenirs est désormais spectaculairement enrichie par la Wikipédia : ainsi, les allusions qu'il fait au sujet de Marthe Richard ("la veuve qui clôt") m'ayant surpris, j'ai consulté l'article correspondant, qui n'a fait qu'ajouter à ma stupeur...

Les épreuves du Docteur No


David Madore s'amuse depuis longtemps à attribuer au méchant Docteur No des énigmes mathématiques (relevant d'ailleurs plutôt d'un genre étrange, qu'il appelle combinatoire cybernétique), apparemment insolubles, et risquant d'entraîner la mort dans d'insoutenables tortures des mathématiciens qu'il a capturés si ceux-ci n'en trouvent pas la solution. Celle qu'il a proposée tout récemment n'est pas tout à fait du même modèle (par exemple, elle n'est absolument pas réalisable, même avec les moyens colossaux du Docteur), et ne passionnera que mes lecteurs mathématiciens, mais elle me semble particulièrement surprenante, et a le mérite de mettre en lumière certaines conséquences paradoxales de l'axiome du choix...


Samedi 23 mai 2009

Cranks, trolls...


Je contribue depuis bien longtemps à certains des forums (scientifiques) de Usenet, un réseau qui fut jadis le meilleur moyen de s'informer sur le Web, et qui reste encore une source précieuse d'échanges, même si les wikis l'ont largement remplacé. Hélas, il est depuis toujours pollué par deux sortes d'intrus : les mauvais plaisants connus sous le nom de trolls, et les (plus ou moins) doux dingues, que les anglophones appellent des cranks. Si la psychologie des trolls et autres provocateurs n'est guère mystérieuse, on peut en revanche se demander ce qui pousse des individus apparemment sains d'esprit, et souvent bien intégrés socialement, à vouloir à toute force prouver que Cantor (et à sa suite tous les mathématiciens contemporains) avait commis une erreur dans sa plus célèbre démonstration, ou que la physique quantique est grossièrement fausse (et donc que les ordinateurs dont ils se servent ne peuvent pas fonctionner en fait). Il y a là une typologie très complexe à établir, et qui a été jusqu'ici assez mal explorée ; je recommande vivement le livre de Dudley pour un panorama à peu près complet des cinglés mathématiciens (si l'on peut dire), et les livres de Donna Kossy (que je n'ai hélas découverte que fort récemment) pour des études plus générales et plus approfondies...

Où est passée la Chouette d'Or ?


J'ai mentionné jadis, à propos d'autres chasses au trésor, celle de la Chouette d'Or, désormais la plus longue de toutes ; c'est en revisitant cette entrée (ce que je suis d'ailleurs en train de faire systématiquement, pour voir ce que la Wikipedia peut désormais m'apprendre de neuf) que j'ai découvert la mort récente de Max Valentin (ainsi que son nom véritable), et les aventures advenues à cette statuette devenue mythique...

Cauchemars culinaires


Cauchemar en cuisine est une amusante émission (sur W9 et Cuisine TV) montrant Gordon Ramsay (lequel vient d'ouvrir un restaurant à Versailles) tentant de sauver des restaurants en péril, généralement à cause de l'incompétence (relative) de leurs cuisiniers, à l'aide de traitements de choc. On comprend mieux en la voyant pourquoi on a pu se voir servir des repas calamiteux dans des restaurants apparemment convenables, mais on redécouvre aussi la cruelle vérité des propos de Jim Harrison : trop d'amateurs doués se prennent pour des chefs...


Jusqu'au 22 mai : départ en Chine (de Carine et Laura)

Les préparatifs de ce départ (qui nous permettra entre autres d'admirer l'éclipse du siècle) achèvent de perturber ce blog... À mon retour (je ne les rejoindrai qu'en juillet), je pourrai enfin, je l'espère, combler un peu le retard, et vous parler aussi de diverses babioles, telles que des cauchemars culinaires...


Dimanche 10 mai 2009 (... voire pas de feu du tout)

Les univers de Philip José Farmer


Les auteurs de science-fiction qui ont enchanté ma jeunesse sont désormais tous à la retraite ou pire, et c'est ainsi presque par hasard que j'ai appris la mort récente de Philip José Farmer, créateur entre autres de fantaisies épiques où se rejoignent presque tous les personnages réels ou imaginaires de l'histoire et de la littérature (mais aussi l'un des premiers explorateurs de thèmes jusque-là tabous, comme dans cette célèbre série de nouvelles). Ainsi, le Monde du Fleuve voit ressusciter sur ses rives toute l'humanité, ce qui permet des rencontres improbables, allant du projet de Mark Twain de construire un bateau pour le remonter (avec, par exemple, Mozart en charge de l'orchestre de bord) au duel ultime entre Cyrano de Bergerac et Richard Burton, tandis que Wold Newton donne une "explication" à l'existence de personnages aussi variés que Tarzan, Sherlock Holmes, Phileas Fogg ou Arsène Lupin ; c'est une idée qui a été reprise par de nombreux auteurs, dont cet autre grand créateur de mythes modernes qu'est Neil Gaiman...

Tableaux blancs


Pour des raisons mystérieuses (et mal justifiées par des considérations peu convaincantes sur les dangers de la poussière de craie), notre chef d'établissement a décidé de remplacer tous les tableaux noirs par des tableaux blancs, en dépit de l'opposition de la plupart des enseignants, et en particulier des professeurs scientifiques, gros consommateurs de craie (et donc de feutres, désormais). L'idée serait déjà plus intéressante si nous pouvions nous servir de rétroprojecteurs, mais bien sûr, seuls des tableaux interactifs apporteront un progrès marqué à notre pédagogie (même si cela doit m'obliger à repenser tout mon enseignement) ; il est hélas à craindre que je n'en voie pas la couleur avant ma retraite...

Informatique préhistorique

  
À l'opposé de l'entrée précédente, il faut bien dire que j'ai du mal à convaincre mes élèves que j'aie pu être un des premiers utilisateurs (professionnels) d'ordinateurs à une époque où, en parfaite application de la loi de Moore (sur laquelle on trouvera une analyse bien plus précise dans la Wikipédia anglophone), ceux-ci, bien que valant une fortune, étaient moins puissants que les calculettes des lycéens d'aujourd'hui. Il faudra un jour que je consacre une partie de ce site à mes démélés avec l'informatique, mes malheurs récents ayant eu des antécédents parfois fort anciens. Mais j'ai eu aussi la chance de pouvoir très tôt m'initier à l'informatique, et c'est avec émotion que j'ai pu retrouver une description détaillée de la première machine (un PDP-10) sur laquelle j'ai appris à programmer (en binaire, bien sûr, et en appuyant directement sur des boutons lumineux) le calcul d'une table de logarithmes, en compagnie d'Henri Cohen, dont le père avait fait faire l'acquisition de ce matériel par son laboratoire (pour pouvoir piloter "en direct" une ultracentrifugeuse) ; ce monstre disposait d'une mémoire centrale de 16 ko (quand à la mémoire externe, elle était faite de rubans de Mylar, que nous devions perforer , là aussi, souvent à la main), il occupait une pièce entière (qu'il chauffait de manière non négligeable) et coûtait l'équivalent actuel de quelques centaines de milliers d'euros ...


Mercredi 29 avril 2009 (finalement, ce n'était qu'un feu de paille...)

Une éclipse imprévue


Après l'éclipse de 1999, que j'eus la chance presque miraculeuse de voir près de Verdun entre deux averses, je craignais bien de ne plus avoir d'autre occasion, la prochaine visible en Europe l'étant à Bilbao (à la tombée du jour) en août 2026, comme je l'explique sur ma page d'explorations du Web. Mais quand j'avais fait cette recherche, ma vie personnelle n'avait pas encore connu le changement que l'on sait, et j'avais du coup peu prêté attention à l'éclipse du siècle, que je vais sans doute avoir au contraire la joie de contempler d'ici peu, en compagnie de ma belle-famille et de ma fille (mais elle, s'en souviendra-t-elle ?)

Lectures récentes

     
Henning Mankell est un de mes auteurs (de romans policiers) fétiches, mais j'avoue que Profondeurs m'a laissé perplexe, même si c'est un tour de force en matière de narrateur peu digne de confiance et s'il ne peut laisser qu'un sentiment de profond malaise ; je pense que je serai beaucoup plus satisfait par Le cerveau de Kennedy, mais je ne l'ai pas encore commencé. Le dernier opus des Dresden files s'est lui aussi révélé assez décevant (d'autant que j'avais deviné qui était le traître dès le début) ; la nécessité de confronter Harry à des méchants de plus en plus puissants et qu'il parviendra néanmoins à vaincre, ou du moins à tenir en échec (un peu comme pour un autre Harry plus connu) conduit hélas l'auteur à utiliser des Deus ex machina peu convaincants. Quand à Professeur d'abstinence, c'est une agréable satire du néo-puritanisme américain, rendu célèbre par les puissants mouvements récents en faveur, entre autres, de la virginité avant le mariage, et dont on peut se demander, comme le fait l'auteur, s'ils résisteront aux bas instincts de ses contemporains, ou ne feront qu'amplifier des comportements et des discours hypocrites...

Cantor et les infinis


Georg Cantor est un des mathématiciens relativement récents les plus connus du grand public, pour sa création de la théorie des ensembles, plus précisément des "nombres infinis" (cardinaux et ordinaux), et pour la légende vaguement sulfureuse qui l'accompagne (il serait, dit-on souvent, mort fou pour avoir voulu s'attaquer à ces problèmes insolubles). Comme toujours, la réalité est nettement moins excitante, même si l'opposition bien réelle, voire farouche, qu'il rencontra de la part de certains des plus grands mathématiciens de son temps ne fit rien pour arranger ses problèmes de santé. L'une de ses premières démonstrations non évidentes dans ce domaine porte sur la non-dénumérabilité des nombres réels, mais le célèbre argument diagonal qui en est la preuve la plus simple, n'est pas celui qu'il trouva en premier, et on peut en fait donner de nombreuses preuves de ce résultat ; tout récemment, Eliahu Levy en a publié une particulièrement astucieuse, que je me suis permis de traduire et d'adapter, et qui pourrait fournir un joli exercice de colle pour taupin (MP*)...


Lundi 20 avril 2009 (... et on dirait même que les affaires reprennent)

Vague inquiétante


Il ne s'agit pas de cette vague là mais d'un roman de Todd Strasser (basé sur une histoire vraie, mais l'affaire est un peu plus compliquée) racontant une expérience pédagogique qui aurait dû n'être qu'une illustration par l'exemple des mécanismes à l'œuvre dans les régimes totalitaires, et qui dépassa si vite son instigateur qu'il y mit une fin brutale. Outre la résonance évidente avec les expériences de Milgram, j'ai été frappé de voir à quel point, en dépit du succés mondial du téléfilm et du roman (un film allemand vient d'ailleurs de sortir), cette histoire est peu mentionnée par les auteurs, pourtant généralement bien informés, des textes sur l'irrationalité dont je parlais récemment. Comme d'habitude, un peu d'effort sur Wikipédia permet désormais de découvrir d'autres histoires analogues ; je vous recommande en particulier de lire la description de l'expérience de Stanford, une effrayante étude des rôles en situation carcérale...

Premiers pas


Les premiers pas de Laura (ou plus précisément sa première marche d'une dizaine de mêtres sans soutien) auront eu lieu au jardin du Luxembourg, le 16 avril, comme on le verra ci-dessus dès que j'aurais réussi à "développer" les photos ; bonne occasion de rappeler à quel point cet exercice difficile (dont voici, pour les lecteurs qui l'ignoreraient, l'indispensable description détaillée) est encore loin de pouvoir être convenablement réalisé par un robot...

Que voit-on à l'intérieur d'un trou noir ?


C'est presque par définition une question dont on ne connaîtra jamais la réponse, puisque même si l'observateur survit aux forces de marée (ce qui est possible avec les trous noirs supermassifs), il ne pourra pas la communiquer à l'Univers extérieur. Mais rien n'empêche de pousser les calculs aussi loin qu'on pense en avoir le droit (à l'approche de la singularité centrale, la théorie devient sûrement fausse), même si peu d'auteurs s'y sont risqué (je n'avais en particulier rien trouvé de précis à ce sujet dans le livre de Luminet mentionné avant-hier). Ce très riche site (encore en chantier) contient la plupart des réponses sous forme visuelle, mais vous trouverez aussi de belles analyses sur le site de N. Rumiano ; j'ai ainsi pu me rendre compte que je n'étais pas capable de les trouver uniquement en réfléchissant sous ma douche ...


Samedi 18 avril 2009 (au moins, j'aurai réussi à reprendre avant même la date prévue)

Calculs sous la douche


Il est souvent possible (et c'est même recommandé par mes enseignants favoris, Richard Feynman et Jean-Marc Lévy-Leblond) d'obtenir des ordres de grandeur raisonnables de phénomènes physiques à l'aide de calculs si simples qu'on peut les mener "au dos d'une enveloppe", voire de tête ; c'est en tout cas une gymnastique intellectuelle que je trouve fort stimulante. Dans le livre de Jean-Pierre Luminet sur les trous noirs, la courbure de l'espace-temps est illustrée par les diverses trajectoires possibles au voisinage de la Terre, toutes courbes, mais apparemment fort dissemblables selon la vitesse, alors que si on prend en compte le temps, la courbure est constante. Mais quelle est-elle ? Remarquant que pour un lancer vertical, on monte de 5 m en une seconde, on voit donc que cela correspond à un arc de cercle de longueur 600 000 km, d'où un rayon de courbure aisé à calculer sous la douche ; j'étais content de trouver, comme le dit Luminet, environ une année-lumière. En revanche, ce que l'on voit à l'intérieur d'un trou noir est difficile à déterminer ainsi ; je vous en reparlerai sûrement bientôt...

Va-t-on devoir polliniser nous-mêmes ?


Je venais tout juste de découvrir le problème quand Pour La Science de ce mois a choisi de présenter un dossier sur cette préoccupante question : qu'arrive-t-il aux abeilles ? Le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles est simplement un terme descriptif de la catastrophe bien réelle qui frappe les ruches (en moyenne, 30% diparaissent par saison), mais on semble pour l'instant manquer d'explication (et il est probable que plusieurs causes s'additionnent) ; sauf miracle, les dégâts semblent d'ores et déjà irréversibles. Si les abeilles venaient à disparaître, l'humanité ne mourrait pas de faim, mais il faudrait désormais se passer (à peu près complètement) de pommes, d'oignons, de coton, voire de viande bovine et de lait si la luzerne ne trouvait pas non plus de remplaçant...

Une image peut en cacher une autre


Cette exposition actuellement au Grand Palais permet de (re)découvrir ces images ambigües dont Salvador Dali s'était fait une spécialité, les trois de lui que je préfère étant sans doute La métamorphose de Narcisse, l'apparition du buste de Voltaire dans le marché aux esclaves, et, particulièrement inclassable, la transformation des cygnes en éléénts. Mais, de Giuseppe Arcimboldo à Markus Raetz, on peut y voir à l'œuvre bien d'autres virtuoses, même s'il en manque encore, par exemple les ahurissantes performances graphiques du maitre de la bande dessinée réversible, Gustave Verbeck...


Du 7 au 20 avril : vacances de Pâques

Ça tourne au gag, il faut bien dire ; à ce rythme, ce sera bientôt un blog mensuel. Bon, nous passerons aussi ces vacances à Paris (et au tournoi du même nom) ; à mon retour, j'essaierai vraiment de rattraper le retard...


Dimanche 22 mars 2009 (...ou alors, il faut décider fermement que c'est devenu un blog hebdomadaire)

The Princess Bride, et autres romans bizarres


Certains romans défient toute classification, parce qu'ils ont été écrits en détournant volontairement les codes attendus du lecteur (comme l'ont sans doute été les romans de Kafka, ou plus sûrement les tentatives expérimentales du Nouveau Roman); un des exemples que je cite le plus fréquemment étant Si par une nuit d'hiver un voyageur (il figure dans la section métafictionnelle de ma bibliothèque idéale). Mais il est parfois difficile aussi de classer des choses apparemment sans problème : The Princess Bride (dont voici une description détaillée, mais en anglais) est au premier coup d'œil un roman d'aventure (et d'amour) dans la droite ligne des feuilletons du 19èmesiècle, mais, parmi d'autres bizarreries (comme un appareil de notes critiques presque aussi dense que celui de House of Leaves), est censé n'être qu'une copie d'un manuscrit plus complet, dont la fin manquante a été longtemps promise (et différée) par l'auteur véritable, dès qu'il aurait, disait-il, réglé ses démélés juridiques avec l'auteur fictif... Quand à Doggy Bag, il s'agit d'une série de romans (si l'on peut dire) écrits par Phlippe Djian en parodiant (à peine) les codes des feuilletons télévisés (genre Plus Belle la Vie) ; le sixième (et dernier ?) est paru l'an dernier, et je n'arrive toujours pas à voir l'intérêt proprement littéraire de la chose, même si l'ensemble reste assez désopilant...

Fascination, Tentation...


La saga des romans de Stephenie Meyer (Fascination, Tentation, Hésitation, Révélation) rentre dans un nouveau genre : la littérature pour jeunes adultes (dans laquelle on peut aussi ranger désormais les aventures de Harry Potter, comme le montre ce bon article de la Wikipedia anglophone). Plus romantiques que les vampires de Anne Rice, ceux de cete série ont déjà fait rêver des millions de (pas si) jeunes lecteurs, et donné naissance à un véritable culte (vestimentaire, entre autres) ; les films (dont le premier est déjà sorti) ne devraient faire qu'amplifier le phénomène...

Questions stupides (3)


Il y a celles du genre "combien a duré la guerre de Cent Ans", mais aussi les interrogations farfelues sur la couleur des bleus, la meilleure façon de se faire fossiliser, ou le danger de boire du venin de serpent. Pour ces trois-là (et des centaines d'autres), vous trouverez des réponses fort savantes et sérieuses (quoique souvent non dénuées d'humour) dans les petits livres de la collection "New Scientist" (résumant le forum "The Last Word" de leur site), dont j'avais déjà signalé "Pourquoi les manchots n'ont(-ils) pas froid aux pieds", et dont je viens d'acheter Mais qui mange les guêpes ?, où ma découverte la plus surprenante (outre les trois questions citées plus haut) aura été la description de la fabrication de planches de surf sur laves volcaniques, dont voici une application concrète...


Lundi 16 mars 2009 (non, ça ne s'arrange pas...)

Irrationalité


Je suis en train de relire Irrationality, de Stuart Sutherland (qui vient d'aileurs d'être republié, mais hélas toujours pas traduit) ; j'avais déjà commenté sur ce site cette formidable collection d'erreurs de raisonnement et de jugement, mais on les oublie vite, hélas ; il est également regrettable qu'il n'y ait pas au moins une entrée "irrationalité" dans la Wikipédia francophone (alors qu'elle existe bien dans la version anglaise), et il vous faudra donc, pour en savoir plus, partir par exemple des longues listes de l'article "Biais cognitif", mais ce dernier est loin d'épuiser le sujet...

Encore une histoire d'autiste supérieur


Daniel Tammet (qui n'est pas vraiment autiste, mais plutôt atteint du syndrome d'Asperger) est l'un des deux cas les plus connus de "savant syndrome" (au sens anglais du terme ; l'expression hautement péjorative "idiot savant" ne faisant plus guère recette, mais rien ne l'ayant vraiment remplacée en français), si l'on néglige les artistes prodiges plus spécialisés tels que Stephen Wiltshire. Si Kim Peek semble avoir des performances brutes plus étonnantes encore (c'est lui qui a inspiré le personnage de Rain Man), Daniel Tammet, dans le beau livre qu'il vient d'écrire, frappe par sa lucidité (et sa modestie), rappelant un peu celle de Temple Grandin (l'anthropologue sur Mars). Mais, objectivement, que faut-il penser de leurs ahurissantes performances, et des quelques autres cas que je rapporte de mémoires prodigieuses ? Par exemple, combien de langues peut-on parler vraiment ? Cette liste anglophone mêle un peu trop légendes et réalités bien attestées, mais on pourra peut-être examiner de plus près les cas d'Emil Krebs, de John Bowring et plus récemment celui de Claude Hagège ou, plus convaincant encore, celui de Kenneth Hale, qui semblent bien montrer qu'une bonne maîtrise de plus de 50 langues est possible...

Si Versailles m'était conté...


... y prendrais-je un plaisir extrême ? C'est bien de films que je veux vous parler, mais ni de Peau-d'Âne, ni de celui de Guitry ; dans le cadre du festival d'Alès, Itinérances, on projette cette année une rétrospective des frères Podalydès, ce qui m'a permis d'apprendre qu'ils préparaient, après Versailles Rive Gauche et Versailles-Chantiers (Dieu seul me voit) un troisième volet (Versailles Rive Droite, évidemment), mais aussi que Versailles-Chantiers existait également en version longue (ils disent "interminable") de (si, si) 12 heures, information que semble ignorer non seulement la Wikipédia, mais aussi l'IMDB...


Dimanche 8 mars 2009

Ères révolues


Je mentionne régulièrement ces listes que j'apprenais studieusement quand j'étais petit, et qui se révèlent à présent désespérément démodées ; si les temps géologiques à partir de l'explosion cambrienne n'ont guère changés, j'ai découvert avec stupeur que l'immense période que je rangeais sous le nom indifférencié de Précambrien est désormais découpée en trois éons, eux-mêmes subdivisés en une multitude d'ères : en voici une liste complète. Ce qui m'a fait m'y réintéresser est la lecture du dossier que La Recherche y consacre ce mois-ci, et où l'on trouvera entre autres de nombreuses considérations, non seulement sur l'explosion du vivant en question, mais aussi sur celle, bien plus mal connue, qui l'avait précédée à l'Édiacarien...

Raisin explosif


Saviez-vous qu'on pouvait fabriquer un plasma dans un four à micro-ondes? Eh bien, il y a mieux : on peut le faire avec un simple grain de raisin ! On dirait un canular, mais c'est tout à fait possible, comme mes élèves se sont fait une joie de me le démontrer, et comme vous pourrez en voir de nombreuses vidéos sur le Net, par exemple celle-ci. Vu le risque bien réel d'incendie, ce n'est pas à recommander dans votre cuisine... Mais quand à l'explication détaillée du phénomène, et en particulier à celle de la nécessité (ou non) de respecter le curieux protocole expérimental de la découpe partielle du raisin, je crains (tout comme pour celle des fontaines de Mentos et Coca-cola) qu'elle ne se fasse attendre encore un moment. Sur le très beau site du Science Hobbyist, vous pourrez découvrir de nombreuses autres bêtises à ne pas faire avec votre micro-ondes...

Un polar poétique


Dominique Sylvain, dont j'avais déjà signalé Passage du Désir et La fille du Samouraï, récidive avec L'absence de l'Ogre, à l'intrique peu plausible, mais aux jolis passages poétiques, et où l'on voit les héros des romans précédents gagner en épaisseur...


Jeudi 5 mars 2009 (il fallait quand même que j'écrive au moins une entrée aujourd'hui...)

Musicophilia


Le dernier livre d'Oliver Sacks est un fascinant compendium d'anecdotes et d'études de cas (souvent à la limite du croyable), d'analyses neurologiques et de réflexions sociologiques (voire paléontologiques : les néanderthaliens faisaient-ils de la musique ?). Il faudrait des pages pour tout commenter, depuis les cas étranges de perturbation du sens de l'harmonie jusqu'à ceux de mémoires musicales prodigieuses, en passant par de curieuses guérisons par la musique ; je me contenterai pour aujourd'hui de vous renvoyer à cette analyse de l'oreille absolue (sur laquelle, d'ailleurs, il me semble que les propos de Sacks sont un peu approximatifs).

Un anniversaire attendu


Vous n'aurez pas droit aujourd'hui (masi peut-être demain) à une nouvelle photo de Laura, mais elle pousse tout à fait convenablement, et, hélas, ses dents et les cris associés aussi... (ça, c'est un anacoluthe, mais peut-être pas un zeugma)


Vendredi 27 février 2009 (... et moins encore en février. Bon, je ne promets rien pour mars ; il va falloir trouver une solution...)

La physique des catastrophes


Ce premier roman de Marisha Pessl n'a rien à voir avec la physique quantique (contrairement à ce qu'affirme la quatrième de couverture), ni d'ailleurs avec la théorie de Thom ; il s'agit en fait d'un roman d'initiation qui se change progressivement en thriller (avec une forte coloration conspirationniste), saupoudré d'une bonne dose d'humour et de références universitaires (le plus souvent inventées); c'est une très belle performance pour un auteur débutant, qui a été saluée lors de sa publication en 2006 par de nombreux prix. Bien que le style puisse parfois agacer, l'ensemble se dévore d'autant plus facilement que le décor patiemment mis en place, et dont on sait depuis le début qu'il cache quelque chose, s'avèrera finalement entièrement factice...

Cherchez l'erreur


Les vieux journaux des années 60 proposaient souvent le jeu des 7 erreurs (dont je viens de découvrir, gràce à la version anglophone de la Wikipedia, qu'il est parfois possible de les trouver en les regardant comme des stéréogrammes) ; les dessins correspondants sont le plus souvent assez enfantins, et s'adressent à un jeune public. Je viens d'en acquérir une version plus adulte, avec ces deux livres de photos habilement retouchées, et qui donneront du fil à retordre aux plus observateurs. On peut aussi, d'ailleurs, en trouver de nombreux exemples sur le Web : allez donc voir ceux du site Spot the Difference...

Mandelbrot, le retour


L'une des raisons (plutôt des prétextes) de ma faible productivité actuelle sur ce blog est une surprenante reprise de ma bouffée de créativité d'il y a tout juste 4 ans : il semble bien que j'aie découvert une démonstration élémentaire (et essentiellement calculatoire) du résultat de Tan Lei (celui qui affirme qu'à la limite, les ensembles de Mandelbrot et ceux de Julia finissent par se ressembler). À vrai dire, j'ai aussi découvert que la référence qui précède, et que j'avais longuement cherché à l'époque, figurait désormais dans le Projet Euclide ; je craignais évidemment d'y voir que je venais de réinventer la roue, mais heureusement, si l'on peut dire, mes méthodes n'ont sans doute pas grand chose à voir avec les siennes (évidemment, elles se généralisent beaucoup moins bien, et donnent plutôt l'impression de coïncidences heureuses...) Bon, je mets tout cela au propre, et j'écris à l'un des nombreux spécialistes pour savoir si j'ai gagné le droit à une note en bas de page, ou, sait-on jamais, à une publication...


Du 7 au 20 février : vacances d'hiver.

Nous les passerons à Paris ; à mon retour, j'essaierai de rattrapper un peu le retard, et aussi, par exemple, de compléter le bestiaire...


Dimanche 1er février 2009 (encore une longue période troublée : je n'aurai écrit que 3 entrées en janvier...)

Pour la Science


Je ne signalerai désormais plus sans doute que par de brèves notes le contenu des revues scientifiques : d'abord, leur site s'est renouvelé, et surtout il suffit désormais le plus souvent de jeter un coup d'œil sur la Wikipédia pour retrouver une synthèse des mêmes informations... une fois qu'on sait qu'elles existent. Ainsi, le beau numéro de février de Pour la Science contient entre autre de passionnantes découvertes sur la géologie d'Encelade, ou sur le piégeage d'atomes par des faisceaux de lumière tournants. Bon, ce sujet-là, j'ai pas trop eu le courage de voir s'il était mentionné dans la Wikipédia ; en revanche, j'y ai retrouvé le "problème à l'issue heureuse", et l'étrange résultat le généralisant (obtenu depuis peu) selon lequel tout ensemble assez grand de points du plan (au moins 30 points, mais en tout cas 263 points suffisent) contient un hexagone convexe vide; c'est d'autant plus étrange qu'il n'existe pas en général de tel heptagone quel que soit le nombre de points...

Orylags, et autres bêtes curieuses


Il y a longtemps que je n'avais pas découvert de nouveau mammifère ; bon, celui-ci (ou peut-être seulement sa fourrure) est plutôt une marque déposée, et doit finalement n'être compté que comme une variété (même pas génétiquement modifiée) de lapin... J'en profite pour signaler (mais je l'avais déjà mentionné) que la classification des êtres vivants que je m'étais donné tant de mal à apprendre a subi bien des bouleversements depuis mon enfance, et que si les lapins sont toujours des lagomorphes (et sans doute aussi des glires, comme le confirme cette page de la Wikipédia), j'ai découvert récemment que mes chers dicotylédones s'étaient changés en magnoliopsides (les angiospermes devenant des magnoliophytes), et encore, ce en latin...

Partitions bizarres


Certaines œuvres musicales, même classiques, sont réputées pour leur extrême difficulté (comme la Chaconne de Bach, ou les études de Liszt) ; un coup d'œil sur leur partition (mais elles sont à peu près impossible à trouver sur le Net) suffit en général à faire fuir ; la situation s'est d'ailleurs souvent aggravée avec la musique contemporaine : il suffit de penser aux difficultés que présentent certaines œuvres de Béla Bartók ou de Prokofiev, sans parler de celles de John Cage... On rencontre aussi parfois d'étranges annotations (même depuis la standardisation de l'écriture musicale), créant des difficultés presque insurmontables pour l'exécutant. Ainsi, Erik Satie est célèbre pour ses indications farfelues ("Pas trop cuit", "Continuez, sans perdre connaissance") que ne voient évidemment que les interprètes, mais il existe des choses bien plus injouables encore (quoique...) : je viens de découvrir (au détour du blog de David Madore) l'étonnante Faerie's Aire and Death Waltz, dont il est difficile d'ailleurs de trouver l'origine, et qui est finalement plus jouable qu'elle n'en a l'air (sauf pour le lâcher de pingouins)...


Lundi 19 janvier 2009

Canulars


Le canular (un mot semble-t-il forgé par mes condisciples du 19ème siècle) peut se présenter sous de nombreuses formes. Je vais probablement désormais me contenter, pour beaucoup de mes notules, de vous renvoyer aux liens pertinents de la Wikipedia (n'oubliez pas, si votre anglais vous le permet, d'aller également voir les articles correspondants de la version anglophone, souvent plus riche encore), car, par exemple, je ne connaissais guère qu'un quart des exemples recensés dans cette liste impressionnante (mais il est peut-être plus amusant d'aller d'abord voir les 67 articles classés dans cette catégorie, en commençant par l'étrange affaire de l'arbre à spaghettis). Je n'ai en revanche pas trouvé encore (mais ce n'est sans doute qu'une question de temps) de listes des plus beaux canulars de la Caméra invisible ; un de ceux qui m'avaient le plus marqué (parce que résonnant avec mes propres craintes, bien sûr, et aussi avec la Quatrième Dimension) était l'affaire de la fille qui quitte la librairie qui vient de l'embaucher pour une course d'une heure, et découvre à son retour une blanchisserie dont les clients lui affirment qu'elle a remplacé la librairie depuis bien des années...

Seul dans le noir


Le dernier livre de Paul Auster (que, pour une fois, vous n'aurez sans doute pas déjà tous lu avant moi, du moins en français) prolonge l'univers trouble de Dans le Scriptorium (dont je me rends compte que je ne vous avais pas parlé) : la fiction et la réalité s'y confondent dans un style nettement autoréférentiel, le tout créant une métaphore sombre de la guerre et des déchirements de l'Amérique. Ce n'est pas, de loin, son meilleur livre, mais c'est comme toujours superbement écrit ; espérons que l'élection d'Obama va lui redonner une inspiration plus légère...


Mercredi 14 janvier 2009 (l'année commence mal, en matière de régularité...)

Complexité visuelle


La notion de complexité peut être définie assez rigoureusement, et a même donné naissance à une branche majeure de l'informatique théorique. Mais l'œil est déjà assez sensible à la notion de complexité d'une image (même si seule la théorie de l'information peut en donner une mesure rigoureuse). Bien qu'un tableau de Pollock puisse à première vue sembler plus complexe encore, il y a cependant quelque chose de particulièrement séduisant dans des cartes détaillées (géographiques ou autres), sans doute lié à leur structure fractale. On pourra trouver de nombreux exemples sur le site de Visual Complexity, qui contient une remarquable série de représentations de choses concrètes (les rues des États-Unis) ou plus abstraites (des "cartes" d'Internet) ; ces images, outre leur éventuelle utilité pratique, sont aussi des œuvres d'art abstrait, souvent d'une surprenante beauté...

Utilisation de la Wikipédia et sérendipité


Le mot serendipity, difficilement traduisible en français, désigne les découvertes heureuses qu'on fait par hasard en cherchant autre chose (comme le faisaient les princes de Serendip représentés ci-dessus). Mon ancienne fréquentation des encyclopédies de papier (je me suis nourri au lait de l'Universalis, dont j'étais l'un des premiers souscripteurs) m'avait ainsi permis d'apprendre bien des choses, que ce soit, comme l'Autodidacte, par ordre alphabétique, ou en explorant les listes des corrélats. J'avais d'abord pensé que la Wikipédia ne permettrait pas ce genre de trouvailles, mais outre la possibilité d'y consulter un article au hasard (sans parler de ceux proposés sur la page d'accueil), on peut aussi remarquer que, désormais, la plupart des articles sont classés dans des catégories permettant de retrouver, par exemple, tous les paradoxes des probabilités quand on en connait un seul (tel que le problème des trois portes). Et évidemment, la navigation par hyperliens est bien plus confortable que la manipulation de lourds volumes à la recherche d'un article corrélé... À titre d'échantillon, ma plus récente découverte de ce type est l'éruption du lac Toba, la plus grande catastrophe de l'histoire de l'humanité, et de loin la plus méconnue...


Lundi 5 janvier 2009

Mauvaise science : comment la repérer


Je compte parler prochainement du Dessein Intelligent et des divers farfelus qui sévissent sur les forums de Usenet, mais je voulais déjà vous faire profiter de quelques conseils généraux, vous permettant, suivant les cas, de vous épargner la lecture fastidieuse de textes ayant bien peu de chances de faire progresser la science, ou, au contraire, si vous avez réfuté Einstein, construit une machine à mouvement perpétuel, ou démontré l'hypothèse de Riemann par des calculs algébriques simples, de publier la chose sans risquer de voir votre manuscript rejeté par tous. D'abord, l'incontournable "crackpot index" de John Baez vous permettra de mesurer précisément le degré d'excentricité de l'auteur ; ensuite, vous pourrez utiliser cette liste (découverte sur le site de Terence Tao) de signes inquiétants dans une soit-disant démonstration mathématique (sur un autre site personnel incontournable) ; et enfin, vous trouverez peut-être utiles ces quelques conseils pour donner de la respectabilité à vos propres élucubrations...

Films de savon


Certes, le savon (classique) mousse (comme l'explique fort bien cet article de la Wikipédia), mais on trouve depuis un bon moment, dans beaucoup de produits moussants (détergents, savons liquides, et autres dentifrices) du Laureth sulfate de sodium, nettement plus efficace, et grâce auquel vous pourrez sous votre douche fabriquer sans effort d'énormes bulles, ou encore (en glissant vos bras sur votre poitrine savonnée, puis en les écartant doucement) des films de près d'un mêtre carré. Mais on peut faire bien mieux, comme cela est exposé sur le site de François Graner, et également comme le démontrent les numéros de music-hall de Daniel Davoudian. Outre une physique et une chimie assez intéressantes, il y a aussi des mathématiques là-dedans : les films de savon occupent une surface minimale (à cause de la tension superficielle), fournissant ainsi une solution expérimentale au difficile problème de Plateau.


28 décembre 2008 : allez donc voir ici...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 



 



 



 



 



 



 



 



 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Il s'agit de l'Avare (non, ce n'est pas le roman tiré de La Folie des Grandeurs : celui-là, c'est Ruy Blas...), de l'Argent, de Zola (un des Rougon-Macquart ; vous aviez deviné, j'espère) et de la Philosophie de l'argent, de Georg Simmel (et, pour ce dernier texte, je crains fort que mes élèves ne souffrent beaucoup ; ils pourront peut-être utiliser ces quelques notes...)