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Février 2004 Littérature étrangère (classique)Lao She : Gens de Pékin (?) (Folio). Je n'en donne pas le titre chinois, parce qu'il s'agit en fait d'un recueil de nouvelles parues dans divers magazines. Ces nouvelles mettent en scène des Pékinois de tous milieux; ainsi, la dernière est une évocation très émouvante de la vie misérable d'une prostituée, racontée dans un contrepoint poétique à la vision immuable d'un croissant de lune. Tout un monde disparu s'agite là. (17/20) |
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Janvier 2004 Littérature et LinguistiqueUmberto Eco : Six Promenades dans les bois du roman et d'ailleurs (Six Walks in the Fictional Woods) (Le Livre de Poche/Essais). Ces six conférences prononcées à Harvard illustrent bien l'extraordinaire versatilité de leur auteur, passant de manière fluide de la chronologie de Sylvie à l'étude de l'Auteur Modèle des Aventures d'Arthur Gordon Pym, de l'étrange disparition de la rue Servandoni (dans Les Trois Mousquetaires) à l'inquiétante suite d'avatars conduisant à la rédaction des Protocoles des Sages de Sion. Le seul reproche qu'on puisse faire à ce texte, c'est sa brièveté (et donc son manque d'approfondissements théoriques); il sera utilement complété par Lector in Fabula, et peut-être aussi par Les Limites de l'Interprétation. (17/20) PolicierMichael Dibdin : L'Ultime Défi de Sherlock Holmes (The Last Sherlock Holmes Story) (Rivages/Noir). Un texte très iconoclaste, qui risque de choquer les amoureux d'Holmes. Avec une remarquable virtuosité et une connaissance parfaite des dossiers, l'auteur nous entraîne dans un dédale d'où la vérité sur Holmes, Moriarty et Jack l'Éventreur finira par surgir, aveuglante. (17/20) Littérature étrangère (classique)Natsume Sôseki : Clair-obscur (Meian) (Rivages). Le dernier roman (inachevé) de Sôseki est une tentative d'analyse quasi-proustienne des microscopiques changements d'humeur qui amènent à la dissolution d'un couple. L'écriture en est moins agréable et moins poètique que celle de ses textes précédents, mais la tentative (parallèle et simultanée de celles de Proust, Joyce ou Virginia Woolf) est passionnante. (16/20) |
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De septembre à décembre 2003 Littérature étrangère (classique)Natsume Sôseki : Je suis un chat (Wagahai wa neko de aru) (Gallimard/Unesco). Cet étonnant roman atypique (écrit en 1905) décrit, du point de vue d'un chat, les bouleversements du Japon et des japonais en pleine occidentalisation, au début du siècle (le maître du chat, qui ressemble à s'y méprendre à l'auteur, y est un médiocre professeur d'anglais...). D'un humour inattendu et corrosif, à la Swift, ce texte n'a absolument pas pris une ride; le comique de dialogue et de situation est tout à fait remarquable. Trés bonne traduction et appareil de notes fort bien fait. (18/20) PoliciersMichael Connelly : Lumière morte (Lost Light) (Seuil Policiers). Harry Bosch est désormais à la retraite... mais toujours hanté par ses enquêtes sur des affaires non résolues. Celle-là est particulièrement tordue, dans un décor bien changé par les événements du 11 septembre. Un excellent cru, où l'on retrouve le Connelly que j'aime (et où Bosch semble lutter enfin avec succès contre ses démons). (17/20) Raymond Chandler : Le grand sommeil (trad. Boris Vian) (The Big Sleep) (Folio Policiers). Je n'avais pas relu ce classique de référence depuis mon adolescence; le style a légèrement vieilli (parce qu'on s'est habitué à beaucoup plus dur et cru), mais cette première enquête de Philip Marlowe (interprété à l'écran par Bogard dans le film-culte de Howard Hawks) reste une rupture majeure dans l'histoire du roman policier. (18/20) Boileau-Narcejac : Les Magiciennes (Folio). Un vieux roman de ce célèbre tandem ("...et mon tout est un homme", ou "celle qui n'était plus"); une intrigue apparemment fantastico-onirique dans le monde du music-hall, qui se rationalise à la dernière minute, et où, un peu comme dans le Meurtre de Roger Ackroyd, la vérité est habilement dissimulée jusqu'au dernier moment par l'utilisation apparemment motivée de changements de narrateur. Du grand art... (17/20) Serge Frechet : Hanxuema (Série Noire). Voici une bonne description de cet excellent polar, premier roman prometteur de son auteur (enseignant et membre du Collège de Pataphysique). Très agréable, donc, dans un style proche de Manchette; en clin d'œil, on notera la réutilisation d'une idée de Roald Dahl pour "punir" un brocanteur peu scrupuleux. Mais vous apprendrez aussi plein de choses sur les antiquités chinoises et l'art de vendre du vent... (16/20) |
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Juillet 2003 Science-FictionDavid Gerrold : The Man Who Folded Himself (Benbella Books). Une réédition de cet étonnant tour de force, comparable seulement à All you Zombies, mais d'une ampleur bien plus grande. Ce texte "ultime" sur le voyage temporel souffre d'un défaut regrettable (que Heinlein avait résolu dans une autre de ses nouvelles, By his Bootstraps, et peut-être aussi dans son roman A door into Summer) : le manque d'intrigue. Mais les problèmes psychologiques uniques que rencontre(nt) le(s) protagoniste(s) compensent assez bien cela... (16/20) |
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Juin 2003 Psychologie - SociologieStuart Sutherland : Irrationality (the enemy within) (Penguin). Je viens de relire cette extraordinaire collection (commentée) des biais, erreurs de raisonnements et absurdités que nous commettons tous. Malheureusement épuisé (mais il faut espérer une prochaine réédition; voici en attendant la référence de sa traduction en espagnol), je ne peux donc qu'en donner un bref aperçu (l'ouvrage recense plus de cent mécanismes différents de ces erreurs) ; tout particulièrement remarquables sont les nombreuses descriptions d'expériences d'induction, par exemple celle où l'on amène des sujets à se penser compétents sur une tâche donnée, puis où on leur montre que tout était truqué, et où ils s'obstinent néanmoins à estimer qu'ils sont en effet compétents, ou encore celles où des erreurs de jugement provoquées par des complices persistent après l'expérience... Un "must" absolu, dès qu'il sera traduit ou aura reparu. (19/20) Ouvrages scientifiquesA.K. Dewdney : The Planiverse, computer contact with a two-dimensional world (Copernicus Books) Encore une relecture (mais ceci est la seconde édition)... Jadis traduit en français (sous le titre, quelle surprise, de « Le Planivers »), mais cette édition semble épuisée. Contrairement au livre-référence de Abbott, Flatland, il s'agit d'une exploration méthodique de tous les aspects de la vie dans le monde de Arde, avec une minutie de détails si soigneusement pensés que certains lecteurs ont vraiment cru qu'un contact authentique avait été établi. Les dispositifs mécaniques sont incroyablement ingénieux, tout comme les prouesses biologiques permettant par exemple à des circuits de cellules nerveuses de se « croiser ». Mais c'est aussi un délicieux roman centré sur l'attachant personnage de Yendred, plein d'émotion, et débouchant sur une vision mystique inattendue. (18/20) Stephen Jay Gould : Les quatre antilopes de l'Apocalypse (Dinosaur in a Haystack) (Seuil) Septième volume des chroniques de Gould dans Nature (et, hélas, non seulement il n'y en aura que neuf, ce qu'il annonce déjà dans la préface de ce recueil-ci, mais il n'écrira plus jamais rien d'autre) ; sont abordés, comme toujours, par le biais de l'anecdote, tous les grands thèmes favoris de l'auteur: théorie de l'évolution (et équilibres ponctués), histoire des idées scientifiques, réévaluation des erreurs du passé... Parmi les joyaux de ce livre, on pourra remarquer l'histoire du mythe affirmant qu'au Moyen-Age, les gens croyaient la Terre plate, ou les efforts de Fisher (le statisticien, pas le joueur d'échecs) en faveur de l'eugénisme et du tabac, mais aussi de passionnantes anecdotes, comme celle du livre de Poe ayant eu le plus de succès (non, ce n'est pas "Histoires extraordinaires", mais un ouvrage sur les coquillages), l'affaire du champignon de 12 hectares, la triste histoire des antilopes bleues, ou encore, pour conclure sur une note optimiste, l'incroyable conservation (dans un lac fossile de l'Idaho) de feuilles vieilles de 20 millions d'années, et ayant encore gardé leurs teintes rouges automnales. (18/20) Science-Fiction (?) Douglas Adams : Un cheval dans la salle de bains (Dirk Gently's Holistic Detective Agency) (Folio SF). Premier tome des aventures absurdes de Dirk Gently (le second étant Beau comme un Aéroport), c'est (dixit la couverture) "Le plus grand roman policier, romantique, d'humour, de voyage dans le temps, d'horreur et fantastique jamais écrit. Le seul, à la réflexion." Et en effet... Cela dit, conçu comme un exercice d'écriture où les éléments les plus improbables (y compris un canapé coincé dans un escalier et la vraie raison du côté "inspiré par Dieu" de Jean-Sébastien Bach) doivent se trouver réunis à la fin dans une intrigue plausible (bon, pour une certaine valeur de "plausible"), c'est plutôt bien fait... mais horriblement mal traduit, ce qui est plutôt surprenant (même si, bien sûr le style de Adams ne facilite pas les choses). (15/20) Fantastique et Fantasy Serge Brussolo : Pélerins des ténèbres et La Captive de l'hiver (Le Livre de Poche). Pélerins des ténèbres raconte le début des aventures de Marion, l'ymagière, en proie à la jalousie des corporations de sculpteurs (nous sommes en plein Moyen-âge), et amenée à fréquenter une secte millénariste bien étrange. Apparemment, il s'agit d'un roman fantastique, mais c'est tout le talent de Brussolo de nous amener sans cesse à en douter, tous les événements surnaturels finissant toujours par avoir une explication rationelle... Un suspense assez haletant, et quelques jolies idées.(14/20) J.K.Rowling : Harry Potter and the Order of the Phoenix (Bloomsbury). Inutile, évidemment, de commenter l'invraisemblable succés de librairie que sont devenues les aventures de Harry à Hogwart (Poudlard, en VO). Chaque volume est plus gros que le précédent (celui-ci fait près de 800 pages), et met plus de temps à sortir, mais, hélas, n'est pas forcément plus extraordinaire et magique encore. Harry, à quinze ans, est un adolescent exaspérant (il exaspère aussi les quelques lecteurs adolescents avec qui j'ai déjà pu en parler), et sa cinquième année à Hogwart tourne au cauchemar ; même si on se doute que tout finira bien pour lui, les péripéties sont assez pénibles, et la mort d'un des personnages importants (bon, je ne vais pas vous dire qui, quand même) n'arrange rien. Bref, il y a quelques jolies idées dans ce 5ème tome, mais peu de légèreté et beaucoup de déceptions ; certaines sont voulues, comme la suppression de scènes attendues (par exemple le banquet final), mais d'autres ... (15/20) Policiers Jonathan Kellerman : Dr La Mort (Dr. Death) (Points). Ayant épuisé Vargas, Mankell et Connelly (quoique lui, je pourrais m'en procurer les romans non encore traduits), j'ai donc essayé Kellerman. Le point de vue est ici celui d'un psychologue aidant le LAPD à cerner la personnalité de serial killers ; c'est très bien fait, mais je n'ai pas vraiment été emballé (sans parler de l'idéologie puritaine un peu envahissante par endroits). Ce n'est pas si facile de découvrir de nouveaux auteurs-cultes... (13/20) Jacques Bonnet : À l'enseigne de l'amitié (Liana Levi). Dans le style du Nom de la Rose, cet éditeur et auteur de livres d'art publie un policier historique nourri de références, tentant d'élucider un crime étrange commis à Paris en 1582, avec pour enquêteur Giordano Bruno. C'est écrit dans un savoureux vieux français reconstitué, on rencontre quelques personnages célèbres en guise de clin d'œil, et bien que la fin soit légèrement décevante, ce court roman est tout à fait jubilatoire. (16/20) |
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Mai 2003 PoliciersFred Vargas : Un peu plus loin sur la droite (J'ai Lu). Après « Pars vite et reviens tard », il est évidemment difficile de rester aussi enthousiaste, et de fait, « Un peu plus loin sur la droite » m'a semblé un peu moins dense, parfois même presque ennuyeux. Mais les personnages sont, comme toujours, très attachants, et quand enfin le roman décolle, on a droit à un final absolument éblouissant (16/20). HumourGuy Bedos : Arrêtez le monde, je veux descendre (Le Cherche-Midi). J'ai adoré Guy Bedos depuis l'époque de ses premiers sketchs (dont on pourra trouver certains textes dans Envie de jouer); il me déçoit un peu parfois, mais certaines des ses colères politiques méritent encore le détour; dans ce recueil correspondant à son dernier spectacle, par exemple, Jospin, et avec lui la gauche d'en-haut, en prennent vraiment pour leur grade, et comme toujours, on rit, mais un peu jaune... (13/20). Fantasy (enfantine?) Terry
Pratchett : The Wee Free Men (Doubleday) Ce n'est pas un des romans du Disque-Monde (« Discworld Novel »), mais la seconde histoire (pour lecteurs plus jeunes) s'y déroulant (« Story of Discworld »), après « The Amazing Maurice and his Educated Rodents ». Tout le charme de l'univers de Terry, de nouveaux personnages attachants, une imagination débordante, et de nombreux messages emplis de chaleur et d'humanité. Et en plus, pour une fois, j'ai compris tout seul une des allusions non scientifiques : le poète de combat des Petits Hommes Libres a le titre officiel de gonnagle, que reconnaîtront aisément les lecteurs de ma page principale... (18/20) Science-Fiction (?) Douglas Adams : Beau comme un Aéroport (The Long Dark Tea-time of the Soul) (Folio SF). Comme tout texte de Douglas Adams, à commencer par le Guide du Routard Galactique (dont, soit dit en passant, on lira avec intérêt les passionnantes raisons du changement de titre), c'est inclassable ; un roman policier décalé dans un univers où les dieux nordiques, toujours présents (ben oui, ils sont immortels, les pauvres) ont de guerre lasse vendu leurs pouvoirs divins par contrat à une agence de publicité. Là-dessus débarque Dirk Gently, calamiteux détective holistique (ça veut dire qu'il cherche ses indices n'importe où, car tout se tient)... Deuxième tome des aventures absurdes de ce personnage, on n'y retrouve pas le style ultra-rapide du Guide (et on n'y glane pas d'informations aussi importantes que le vrai sens de 42), mais c'est une lecture quand même très agréable, et assez jubilatoire par moments. (14/20) |
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Avril 2003 PoliciersFred Vargas : Pars vite et reviens tard (Viviane Hamy). Comme annoncé en février, j'ai donc enfin lu cet extraordinaire roman, brassant tous les thèmes (et presque tous les personnages ) de l'auteur, et où l'on apprend au passage plein de choses passionnantes sur la peste, ce qui, en ces temps de psychose autour du SARS, n'a rien d'inutile. J'ai seulement une toute petite réserve sur la fin (je trouve que la vraisemblance y est un peu trop malmenée), qui m'empêche d'aller jusqu'à 19/20. (18/20) Michael Connelly : Darling Lilly (Chasing the Dime) (Seuil Policiers). À première vue bien différent de ses précédents romans (La Blonde en Béton, Créance de Sang,...), ce thriller démarre dans les milieux de la recherche en bio-informatique, avant de virer au cauchemar. On retrouve aussi quelques personnages connus (des lecteurs de Connelly), policiers du LAPD ou autres avocats de Los Angeles, mais cette histoire repose surtout sur une manipulation machiavélique, et étonnamment plausible. (15/20) Henning Mankell : Les Chiens de Riga (Hundarna i Riga) (Seuil Policiers). Les traductions des romans de Mankell se font, hélas, dans le désordre, et nous retrouvons Wallander en 1991. Son mentor, Rydberg, vient juste de mourir, et l'URSS pèse encore de tout son poids sur les pays baltes. L'enquête policière embrouillée et sinistre qu'il va devoir y mener aura pour seul résultat positif de lui permettre d'amorcer son histoire d'amour avec Baiba Liepa (et nous savons bien, grâce aux romans précédents, qu'elle ne se terminera guère mieux...). À éviter si vous ne supportez pas les ambiances dépressives; sinon, c'est sans doute un des meilleurs textes de cet excellent auteur. (17/20) Thrillers Serge Brussolo : La route obscure et Les enfants du crépuscule (Le Livre de Poche). Un peu déçu par mes récents Brussolo (voir février), j'ai relu « la route obscure », une passionnante histoire qui semble démarrer sur une quelconque escroquerie au paranormal, puis bifurque vers on ne sait trop quoi d'angoissant ; un seul reproche: la fin, un peu baclée (15/20) ; « Les enfants du crépuscule » est également typique de Brussolo, avec des éléments apparemment fantastiques et inexplicables, qui s'agencent à la fin de manière parfaitement rationnelle et inattendue (16/20) .Littérature fantastique « enfantine » (?) Neil Gaiman : Coraline(Coraline) (Albin Michel). Neil Gaiman est généralement connu comme un auteur de fantastique pour adultes (dans « Miroirs et fumée », il donne par exemple une lecture de Blanche-Neige vue par la méchante reine... et où l'on découvre que Blanche-Neige est un vampire). Coraline est son second roman jeunesse (après « Le jour où j'ai échangé mon père contre deux poissons rouges ») ; j'ai beaucoup apprécié ce texte (un mélange cauchemardesque d'Alice au Pays des Merveilles et des univers sombres du fantastique gothique); ma première réaction, toutefois, a été qu'aucun enfant un peu impressionnable ne pourrait supporter cette lecture. Pourtant, les réactions sur Internet semblent enthousiastes. Bref, lisez-le, mais ne l'offrez qu'à des enfants dont vous connaissez bien les goûts (16/20) Littérature française contemporaine Milan Kundera : L'ignorance (NRF). Kundera est un autre de mes auteurs-cultes, peut-être plus encore pour ses livres tchèques (La Plaisanterie, Risibles Amours, La Vie est ailleurs, La Valse aux Adieux) que pour ses livres français (Le Livre du Rire et de l'Oubli, L'Insoutenable Légereté de l'Être, L'Immortalité). L'Ignorance se consacre à l'exil, à la mémoire et à la nostalgie; on y retrouve la petite musique de l'auteur, quelques scènes d'un comique cruel, et des notations très justes (le suicide raté de l'adolescente m'a beaucoup plu), mais dans l'ensemble, je me suis senti un peu déçu (même si je ne comprends absolument pas la sévère critique de Michel Polac dans Charlie-Hebdo) (16/20) Linguistique (?) Tan Huay Peng : What's in a Chinese Character (New World Press). Mon intérêt récent pour la Chine et le chinois fait que je regarde les méthodes d'apprentissage d'un œil nouveau. Il existe sans doute d'innombrables livres plus sérieux (et plus complets), mais vous ne verrez plus les 369 caractères décortiqués, illustrés et commentés dans ce livre de la même manière après l'avoir lu, et vous ne les oublierez certainement plus jamais. Je crains qu'un équivalent français n'existe pas vraiment (sauf peut-être Caractères Chinois, de Fazzioli, qui, lui, s'attaque aux 214 clès); dans des temps anciens, j'avais apprécié l'approche analogue (mais moins bien illustrée) de « L'Idiot Chinois » (19/20) Revues scientifiquesLa Recherche : Avril 2003 (n°363). Un numéro intéressant, mais sans plus, à l'exception d'une passionnante interview de James Peebles : « La cosmologie avance dans le noir », qui, elle, mérite 18/20. Dossier Pour la Science : Les illusions des sens. Encore (voir Janvier 2003) un dossier exceptionnel. Tout ce que je cite sur ma page d'intérêts divers s'y trouve, et bien d'autres merveilles qui m'étaient inconnues. Par exemple, observez attentivement l'image suivante... |
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Mars 2003 Littérature française contemporaine Amélie Nothomb : Robert des noms propres (Albin Michel). En général, les romans d'Amélie Nothomb vont du bon au remarquable (j'ai même failli mettre Le sabotage amoureux dans ma bibliothèque idéale); j'avais beaucoup aimé Stupeur et tremblements et Métaphysique des tubes; mais là, j'ai vraiment été très déçu. L'écriture reste virtuose, mais la fantaisie se fait lourde et arbitraire. (11/20) Littérature étrangère contemporaine Primo Levi : La trève (La Tregua) (Le Livre de Poche). Je viens de relire cet ouvrage autobiographique, qui relate les événements ayant eu lieu immédiatement après l'œuvre la plus connue de Primo Levi: Si c'est un homme (Se questo è un uomo) (qui fait, bien sûr, partie de ma bibliothèque idéale). Comme pour celui-ci, le style est généralement assez neutre (ce qui ne fait qu'amplifier l'émotion ressentie), mais les invraisemblables événements relatés, et la qualité des réflexions qu'ils inspirent à l'auteur, font de ces deux livres une lecture indispensable. (18/20) Revues scientifiques Collection "Les génies de la Science" : Évariste Galois (Pour la Science). Le mathématicien maudit par excellence... La mort de Galois en duel à 21 ans, alors qu'il est en train de découvrir un nouvel univers mathématique, fait partie de la légende des grandes figures romantiques (Abel est un autre exemple mathématique, et je ne peux m'empêcher de songer aussi à Shusaku, le plus grand joueur de Go japonais du 19ème siècle). Ce dossier, très complet, est aussi une démystification des mythes et rumeurs (largement entretenus par le frère d'Évariste) autour de ce duel, ainsi qu'une excellente introduction à la révolution mathématique initiée par Galois. (17/20) |
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Février 2003 Policiers Fred Vargas : L'homme à l'envers (J'ai Lu) Mon enthousiasme pour les œuvres de Fred Vargas ne faiblit pas, même si Pierre Colmez prétend que je m'obstine à ne lire que les plus médiocres (je compte bien corriger cela bientôt en lisant Pars vite et reviens tard, qu'il recommande). Celui-ci, en tout cas, est vraiment remarquable, que ce soit par la virtuosité de l'intrigue ou par l'épaisseur des personnages. Une histoire de loup-garou, quoique... Et Adamsberg au mieux de sa forme. (17/20) Fred Vargas : Debout les morts (J'ai Lu) C'est sans doute le meilleur roman que j'ai lu d'elle jusqu'à présent. On y voit les trois historiens de la rue Chasle emménager (avec le parrain) dans la baraque, puis elle nous emmène où elle veut, sans jamais vraiment tricher, mais en s'arrangeant pour rester sans cesse absolument imprévisible.. (18/20) Science-fiction Serge Brussolo : Trajets et itinéraires de l'oubli (Folio 2€). Brussolo est un autre de ces auteurs dont je lis presque tout. Cette longue nouvelle date de sa période science-fiction (le début des années 80), et était à l'origine parue chez Denoël (collection Présence du Futur) dans un recueil intitulé Aussi lourd que le vent. De jolies idées, quelques images fulgurantes, mais j'ai été un peu déçu tout de même. Brussolo a fait beaucoup de progrès depuis... (14/20) Littérature française contemporaine Jean Echenoz : Au piano (Éditions de Minuit). Incontestablement, il y a là un style personnel; c'est par ailleurs un roman qui se met sans cesse en porte-à-faux, partant de ce que nous croyons être un texte sur l'angoisse de l'artiste pour finir par une approche renouvelée de l'Enfer. Mais dans l'ensemble, je trouve cela assez décevant (même si, en y repensant, on se rend compte qu'une bonne partie de cette déception est voulue, voire annoncée dans le texte). Un objet agréable, vite consommé. (13/20) |
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Janvier 2003 Cuisine (pour enfants) Hervé This : La casserole des enfants (Belin). La découverte de la physique, de la chimie et de la cuisine à travers un texte au ton très juste; un livre très agréable, même pour les adultes admirateurs des textes plus doctes de cet auteur inclassable (15/20) Revues scientifiques Dossier Pour La Science : La Gravitation (l'Univers sous influence)
Je ne rate que peu des dossiers de Pour la Science. Dans celui-ci, outre un panorama très complet de l'histoire de la gravitation, de Galilée à la théorie des cordes, en passant par Einstein, on trouvera des observations récentes (et très troublantes) d'écarts à la théorie inexplicables, tout particulièrement en ce qui concerne le mouvement des sondes Pioneer 10 et 11. À suivre... (17/20) Littérature étrangère contemporaine Isabel Allende : Fille du destin (Hija de la Fortuna) (Le Livre de Poche) Isabel Allende fait partie de mes auteurs fétiches (voir ma bibliothèque idéale). Son style l'apparente à l'école du «réalisme magique» (branche sud-américaine), laquelle va de Gabriel Garcia Marquez (Cent Ans de Solitude) à Salman Rushdie ( Les Versets Sataniques) en passant par Milan Kundera (Le Livre du Rire et de l'Oubli), mais elle se rapproche davantage du roman picaresque. Dans ce livre, nous suivons (en partant de Valparaiso, en 1849) les aventures d'Eliza, qui comme nous l'apprend la quatrième de couverture, a bien du mal à endosser la panoplie de jeune lady que sa mère adoptive Miss Rose, une célibataire anglaise endurcie et coquette, tente de lui imposer. Davantage par tradition que par conviction, la dame ayant en sa jeunesse goûté les charmes des amours interdites. L'affaire se corse lorsque Eliza, dans la fleur de ses seize ans, tombe amoureuse de Joaquin Andieta. Pauvre et exalté, le jeune homme ne résiste pas aux appas de la belle. Mais moins encore à la ruée vers l'or californien qui s'empare brusquement du monde entier. Joaquin file aussitôt vers le nord. Peu de temps après, Eliza embarque clandestinement sur un voilier, bien décidée à retrouver le père de l'enfant qu'elle porte. Mais c'est finalement la liberté qu'elle va découvrir. Féministe de la première seconde, la jeune femme déguisée en homme se lance dans un gigantesque périple à travers la Californie, campant quelque temps à San Francisco, «hameau plutôt misérable mais situé dans la plus belle baie du monde». Et je ne vous parle même pas de Tao Chi'en, et de ses aventures en Chine, puis de leur improbable rencontre ... (17/20) |
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Décembre 2002 Revues scientifiques Pour La Science : Spécial Cerveau (des fenêtres sur la conscience)
(n° de décembre 2002) Il y a tous les mois des articles passionnants dans « La Recherche » et dans « Pour La Science », mais ce numéro est vraiment exceptionnel. À ne manquer sous aucun prétexte, par exemple, l'analyse de la perception des couleurs (une approche nouvelle de la vieille question insoluble (mais l'est-elle vraiment ?) « Mon rouge est-il le même que ton rouge »)... (17/20) Sociologie / Inclassable Howard Bloom : Le Principe de Lucifer (The Lucifer Principle) (Le Jardin des Livres) Une sorte d'OVNI. La page critique dont je donne le lien le résume assez bien: c'est une tentative de globalisation « à la Girard » de questions liées à la violence, à la guerre et aux inégalités dans les sociétés humaines et animales. Étrangement publié dans une collection ésotérique, ce livre est pourtant parfaitement rationnel, et assez bien documenté (même s'il ne s'abreuve pas toujours aux meilleures sources), mais ce qui en fait surtout l'intérêt, c'est son talent pour relier des faits peu connus et en tirer des synthèses et des rapprochements fulgurants. Difficile de rester indifférent aux thèses de l'auteur; la traduction est abominable, hélas. (17/20 (mais 7/20 pour le style...)) Policiers Fred Vargas : Sans feu ni lieu, Ceux qui vont mourir te saluent, et Coule la Seine ( Viviane Hamy ) Je suis visiblement en train de développer une passion pour les œuvres de Fred Vargas... « Sans feu ni lieu » est le dernier roman de la série mettant en jeu les trois historiens de la rue Chasle; très satisfaisant sur le plan de l'intrigue et de la psychologie (15/20) . « Ceux qui vont mourir te saluent » est, lui aussi, riche en personnages attachants (15/20) . J'ai un peu moins aimé « Coule la Seine » (trois nouvelles autour du commissaire Adamsberg), peut-être parce que Vargas a besoin de temps pour laisser ses personnages prendre de l'épaisseur (14/20, tout de même) .
Alexander Kotov : Think like a Grandmaster
(Batsford) Tout à fait remarquable dans sa catégorie (au demeurant très restreinte: "La Psychologie au jeu d'échecs", de Kroguious, est un peu plus riche, mais c'est bien le seul). Très utile aussi pour les experts d'autres jeux de réflexion, tels que le Go... (15/20)
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Novembre 2002 Fantasy Terry
Pratchett : Night Watch (Doubleday) Ce nouvel (et 27ème) épisode
des annales du Disque-monde n’est pas prêt d’être traduit en
français SPAN
style="COLOR: windowtext"> Moins hilarant que certains des romans
précédents (mais qui a dit que Terry Pratchett était seulement un
auteur comique ?), il présente aussi l’inconvénient
(rédhibitoire pour le lecteur découvrant Pterry) de faire référence
à de nombreux épisodes précédents (au moins toute la série du Guet,
ainsi que Thief of Time). Mais c’est tout de même un régal (que la majorité des lecteurs du forum alt.fan.pratchett a d'ailleurs plébiscité)
(17/20) Policiers Didier
Lamaison : Œdipe Roi (Série
Noire, n°2355) Cette réécriture moderne du mythe mérite vraiment le détour. Par exemple, rien que pour m'avoir fait comprendre cette phrase « L’oracle de Delphes ne dit ni ne cèle, il signifie »… (15/20) Fred
Vargas : L’homme aux cercles bleus (J’ai
lu) «
Victor, mauvais sort, que fais-tu dehors ? » Depuis quatre mois,
cette phrase accompagne des cercles bleus qui surgissent la nuit,
tracés à la craie sur les trottoirs de Paris. Au centre de ces
cercles, prisonniers, un débris, un déchet, un objet perdu :
trombone, bougie, pince à épiler, patte de pigeon…
Ce
début (quatrième de couverture) décrit bien l’ambiance, mais
pas la psychologie, ni le style de cet excellent roman, le premier
où apparaît le commissaire Adamsberg (cliquez ici pour en savoir
plus sur les
romans de Fred Vargas...). (15/20) |
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Octobre 2002 Littérature française contemporaine Anna Gavalda : Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part (J’ai Lu). 12 délicieuses nouvelles, parlant de personnages ordinaires et de sentiments quotidiens, avec une écriture simple et juste. (14/20) Jean-Philippe Toussaint : Faire l’amour (Plon) « C'est
l'histoire d'une rupture amoureuse, une nuit, à Tokyo. C'est la nuit
où nous avons fait l'amour ensemble pour la dernière fois. Mais
combien de fois avons-nous fait l'amour ensemble pour la dernière
fois ? Je ne sais pas, souvent ». Jolie écriture,
très sobre. (12/20) Nicolas Fargues : One man show (Plon) « Bonjour. Je ne voudrais pas me vanter mais si la lâcheté masculine, le petit monde de la télévision française et l'Amérique du Nord vous intéressent, ce roman devrait vous plaire. Je vous le dis avec d'autant plus de simplicité que, de même que le héros ne cherche pas à jouer les héros dans ce livre, je n'ai pas cherché, moi, en l'écrivant, à y faire de la littérature ». Un récit amusant, situé dans le monde de la littérature et des émissions télévisées littéraires. Quelques règlements de comptes réussis (12/20) Littérature étrangère contemporaine Jim Harrison : Aventures d’un gourmand vagabond (The Raw and the Cooked, Adventures of a Rowing Gourmand) (Christian Bourgois) Un livre truculent,
qu’un amoureux de bonne cuisine ne doit pas manquer. En fait, c’est
une collection d’articles de journaux et de lettres. Il est
difficile de résister à l’enthousiasme de l’auteur pour certains
plats
(13/20) Fantasy John Barnes:
Le vin des dieux (One for the Morning Glory) (J’ai
Lu) Ça commence comme un conte de fée cruel, puis ça
devient vraiment inclassable. Très drôle par moments ; un
regard différent sur le genre (14/20) |
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Septembre 2002 Sociologie / Psychologie Christian
Morel : Les
décisions absurdes
(Bibliothèque
des Sciences humaines, Gallimard) L’analyse méthodique
de cas allant de l’accident de la navette Challenger en 1986 ou de
collisions de navires en mer pour avoir tenter de respecter la
réglementation, jusqu’à l’utilisation systématique de transparents
illisibles. Sérieux et inquiétant, mais peut-être pas aussi complet
que les
ouvrages (anglais) sur l’irrationalité que je recommande sur ma
page « intérêts divers » (14/20)
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19/20 Stuart Sutherland : Irrationality (the enemy within) 18/20
Raymond Chandler : Le grand sommeil (traduction de Boris Vian) (The Big Sleep) 17/20
Isabel Allende : Fille du destin (Hija de la Fortuna) 16/20
Jacques Bonnet : À l'enseigne de l'amitié 15/20
Douglas Adams : Un cheval dans la salle de bains (Dirk Gently's Holistic Detective Agency) 14/20
Douglas Adams : Beau comme un Aéroport (The Long Dark Tea-time of the Soul) 13/20 Guy Bedos : Arrêtez le monde, je veux descendre 12/20
Nicolas Fargues : One man show 11/20 |